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14 mai 2014 3 14 /05 /mai /2014 04:27

Ce dont nous sommes les témoins en Thaïlande est un coup d'Etat qui se déroule lentement, rapporte Andrew Spooner

Lien de l'article:

http://www.leftfootforward.org/2014/05/elite-ready-to-destroy-thailands-democratic-gains/


La semaine dernière en Thaïlande a été tumultueuse. La Première ministre par intérim, Yingluck Shinwatra, qui a remportée une énorme victoire électorale lors des élections de 2011, a été démise de ses fonctions par la notoirement politisée Cour Constitutionnelle du Royaume.
La décision de la Cour Constitutionnelle a été basée sur des preuves fragiles et sur ​​une prémisse absurde, comme quoi le gouvernement de Yingluck aurait transféré le conseiller de sécurité nationale de l'ancien régime, Thawil Pliensri, dans un poste différent.
Bien sûr, ces transferts sont une pratique courante dans une démocratie. Thawil n'a pas été limogé, juste transféré. Il faut dire aussi que, dans une situation plus normale, un conseiller en sécurité avec des affiliations politiques claires vis-à-vis de l'ancien régime, ferait la seule chose honorable qui serait de démissionner une fois qu'un nouveau gouvernement aurait pris ses fonctions.
Ce n'est pas le cas de Thawil, dont l'allégeance politique vis-à-vis de l'antidémocratique mouvement PDRC de Thaïlande est tellement explicite qu'il a été photographié récemment se prosternernant devant le célèbre moine de "l'armée bouddhiste", Bouddha Issara, qui est le chef d'une des factions les plus violentes des fascistes du PDRC.
La condamnation de la décision de la Cour constitutionnelle par la presse internationale a été presque universelle. The Economist a décrit la décision de la cour comme une "mesure démontrant à quel point la Thaïlande avait baissée"; le New York Times a appelé cela "un coup d'Etat par un autre nom"; et le magazine Foreign Policy a tourné en dérision le tribunal comme ayant une "histoire sordide et sombre". Cependant, tout cela n'a pas vraiment contribue à aider la démocratie assiégée de Thaïlande.
Dans les dernières 24 heures un convoi de véhicules blindés de l'armée thaïlandaise a été repéré sur la route de Bangkok et le violent et brutal PDRC a occupé de nouveau les rues, soutenu, une fois de plus, par le diplômé d'Eton de nationalité britannique, Abhisit Vejjajiva, le chef de ce que le magazine Time a décrit comme le "Parti Démocrate thaïlandais drôlement mal-nommé". Alors que cet article est en cours d'écriture, le PDRC, qui a été "protégé" par des soldats de l'armée thaïlandaise lors de ses rassemblements depuis six mois, a pris le relais des stations de télévision et essaye de saisir Government House, dans une tentative d'imposer une non élue et inconstitutionnelle "Commission du Peuple" en Thaïlande.
Toute cette situation, lors de laquelle la Cour Constitutionnelle politisée et ses alliés du PDRC ont agit en tandem, peut facilement être analysée comme une évolution lente vers un coup d'Etat de facto.
Des sources sures affirment également que l'armée thaïlandaise est sur ​​le point de faire un geste plus explicite contre ce qui reste du système démocratique en Thaïlande. Un ancien ministre thaïlandais, Jakropob Penkair, qui a gardé des contacts de haut niveau en Thaïlande, m'a expliqué "qu'il s'agissait d'une tentative en cours pour organiser un coup d'Etat dans les prochains jours". Il a ajouté que "le but était de prendre les devants avant que les partisans chemises rouges pro-démocratie puissent se regrouper."
Une autre initiée, ancienne députée et membre de l'équivalent thaï du comité sélectionné des affaires étrangères, Jarupan Kuldiloke, m'a dit que bien qu'elle sentait qu'un coup d'Etat militaire pourrait ne pas arriver, la Cour Constitutionnelle et le chaos de la rue du PDRC travaillant ensemble obtiendraient "exactement le même résultat". Jarupan a également affirmé qu'il y avait des "rumeurs" importantes comme quoi un coup d'Etat militaire pourrait malgré tout avoir lieu, bien qu'elle soit restée incertaine.
Ces rumeurs et ces spéculations ne sont pas sans précédent. L'armée thaïlandaise a organisé 18 coups tout au long de son histoire. Le plus récent a eu lieu en 2006 et a renversé le frère de Yingluck, Thaksin Shinawatra, quelques semaines seulement avant des élections qu'il était absolument certain de gagner. Pour ajouter à ce bruit de fond actuel sur une intervention militaire, la journaliste spécialiste des affaires militaires du Bangkok Post, Wassana Nanuam, a publié un article ces derniers jours dans lequel elle déclare que pour l'armée "la perspective d'un coup d'Etat semblait la plus attrayante", et dans lequel elle cite un anonyme commandant de l'armée thaïlandaise déclarant que "les événements de ces prochains jours nous permettront de savoir si un coup d'Etat est nécessaire ou non".
En fin de compte, un coup d'Etat militaire plus explicite peut ne pas se produire en Thaïlande, mais ce qui est certain, c'est que la démocratie thaïlandaise a subi des dommages considérables. Il est également clair que la grande majorité des électeurs thaïlandais comprennent la démocratie et utilisent leur vote en vue du meilleur résultat possible comme c'est le cas dans toutes les démocraties.
Ce samedi 10 mai, plus de 100.000 militants chemises rouges pro-démocratie se sont réunis dans une banlieue de Bangkok pour exprimer leur résistance face aux mouvements de l'établissement thaïlandais qui cherche à empêcher une société plus juste et plus responsable. Le fait que des Thaïlandais puissants et soi-disant "éduqués" qui soutiennent la cabale des voyous du PDRC et payent des chambres d'hôtels hors de prix aux dirigeants du mouvement en vue de détruire les acquis démocratiques durement acquis de la Thaïlande, soient prêt tout risquer, y compris la guerre civile, révèle qu'ils sont plus près du nihilisme que d'une alternative politique crédible.

L'élite est prête à détruire les acquis démocratiques durement acquis de la Thaïlande
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