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6 juillet 2015 1 06 /07 /juillet /2015 12:10

Un article de Giles Ji Ungpakorn

Lien:

http://redthaisocialist.com/thailand-news-update-in-english/775-the-demise-of-the-red-shirts.html

 

L'arrestation et l'emprisonnement de 14 étudiants militants pro-démocratie a exposé l'état du "mouvement pour la démocratie" en Thaïlande.

Dans un post précédent sur ce site j'ai expliqué que les militants étudiants nous avaient "jeté un défi" à tous. Ce défi était de savoir si oui ou non les gens étaient prêts à reconstruire un mouvement de masse pour renverser la dictature. Ne vous méprenez pas, la dictature de Prayut prévoit de projeter son horrible ombre sur la vie politique thaïlandaise bien au-delà du jour ou ce gang militaire meurtrier démissionnera formellement de ses fonctions et autorisera de soi-disant élections en vertu de leurs règles déformées.

Les bottes militaires de la junte pénètrent maintenant dans les maisons ou les bureaux des gens et menacent toute personne associée ou liée aux étudiants. Ils ordonnent aux autres militants de cesser de critiquer la junte sur les médias sociaux et ils font pression sur les médias pour que ces derniers arrêtent de rendre compte des activités anti-junte.

Par conséquent, la question de savoir comment se débarrasser de la dictature est extrêmement importante.

Jusqu'à maintenant, la réponse des citoyens pro-démocratiques concernés a été de visiter les étudiants en prison, tenir des veillées aux chandelles et d'organiser une solidarité "symbolique" via l'internet. Tout cela est très louable, mais ça ne construira pas le mouvement de masse nécessaire afin de lutter pour la démocratie. Beaucoup plus peut et doit être fait.

Alors que font les chemises rouges? La réponse est un silence de mort.

Le mouvement des Chemises rouges a été le plus grand mouvement social pro-démocratie dans l'histoire de la Thaïlande. Des millions de citoyens ordinaires ont pris part à des manifestations afin d'élargir l'espace démocratique. Ce ne sont pas de simples "pions ignorants de Taksin", comme les réactionnaires l'ont prétendus. Ils se battaient pour leurs droits et leur dignité. Mais ils ont été conduits par une direction qui était proche de Taksin et qui a maintenant décidé de capituler devant l'armée. La tragédie des Chemises rouges est que la plupart des Chemises rouges progressistes de gauche, qui avaient rejeté Taksin et les dirigeants de l'UDD, avaient refusé d'organiser une organisation politique alternative cohérente pour contester les dirigeants de l'UDD.

Dans un post précédent sur ce site, j'avais aussi expliqué que, selon les marxistes comme moi-même, les divers mouvements pro-démocratie venus de la base doivent être considérés comme un grand mouvement social avec de nombreux bras et jambes, en constante évolution à travers le temps. Les Chemises rouges étaient un continuum des mouvements pro-démocratiques passées telles que le Parti du peuple qui a renversé la monarchie absolue en 1932, les soulèvements pro-démocratie contre l'armée en 1973 et 1992 et la guerre civile inspiré par les communistes dans les années 1970.

Le point clé est que les diverses formes du mouvement social ne sont pas permanentes. Elles se lèvent, atteignent un sommet et puis disparaissent. C'est ce qui est arrivé aux Chemises rouges en tant que mouvement. Comme je l'ai mentionné ci-dessus, l'une des principales raisons est la décision prise par les dirigeants de l'UDD de "désactiver" le mouvement. Une fois qu'un mouvement est démobilisé, il est très difficile de le remobiliser dans son état original. Une autre raison de la disparition des Chemises rouges est la répression sanglante contre eux organisée par Prayut et ses amis militaires en 2010.

Cependant, le fait que le mouvement des Chemises rouges soit mort ne signifie pas que les différents chemises rouges ne puissent être remobilisés dans un nouveau mouvement pour la démocratie. Il est à espérer que ce sera le cas avec l'apparition de nouvelles forces pour construire ce nouveau mouvement sous une direction plus progressiste venue de la base.

Un point de vue sur la relation entre les Chemises rouges et les militants étudiants, qui doit être vigoureusement combattus, est que les étudiants seraient en quelque sorte une "force pure" à la différence des Chemises rouges qui auraient été "entachés par Taksin". Beaucoup d'étudiants peuvent porter des chemises blanches, qui font partie de leurs uniformes de l'université, mais ils ne sont pas vraiment une "génération stérile, non infectés par la politique". Ceux qui craignent que les classes moyennes puissent être "rebutés" de soutenir les étudiants si les Chemises rouges se joignaient au mouvement de solidarité ne font que proposer un mouvement autolimité qui est vouée à l'échec. Les classes moyennes ne peuvent être courtisées en préconisant des limitations sur la démocratie.

Les gens qui décrivent des étudiants comme une "force pure" espèrent naïvement que certains chemises jaunes et autres membres de la mafia anti-démocratique de Sutep finissent par rallier les étudiants. Ceci est un exemple de la politique banale qui ne parvient pas à saisir le fait que la société thaïlandaise est profondément divisée entre les élites et leurs alliés de la classe moyenne, qui sont violemment opposés à la liberté et la démocratie, et les gens ordinaires dans les villes et dans les zones rurales, qui luttent pour la liberté et la justice sociale. Les nouveaux militants étudiants font partie de ce côté pro-démocratie de la fracture. Le fossé ne peut être comblé sans l'un des côtés ou si l'autre est modéré. Il n'y a pas de compromis démocratique entre l'autoritarisme et la liberté. Cinquante pour cent de démocratie n'est pas la démocratie.

Il est vital de rebâtir un mouvement de masse pour la démocratie en unifiant les travailleurs des villes et des zones rurales avec les étudiants et autres activistes qui auparavant n'avaient jamais été impliqués activement dans un mouvement politique.

Les Chemises rouges en 2013 (en blanc, la fille de Sae Daeng)

Les Chemises rouges en 2013 (en blanc, la fille de Sae Daeng)

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