Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
1 juin 2016 3 01 /06 /juin /2016 09:30

En mai 2010, le syndicaliste américain Shamus Cooke publiait un article intitulé "Massacre en Thaïlande: les mains sanglantes des Etats-Unis" ou il dénonçait la responsabilité passive des Etats-Unis lors du massacre des Chemises rouges d’avril/mai 2010 par le gouvernement d’Abhisit Vejjajiva.

Voici cet article:

Massacre en Thaïlande: les mains sanglantes des Etats-Unis

Lorsque la Maison Blanche reste silencieuse alors que les manifestants sont massacrés dans les rues de Bangkok en Thaïlande, on peut avoir des soupçons. Le silence est souvent synonyme de complicité. On ne peut qu'imaginer la réaction des Etats-Unis si le gouvernement vénézuélien avait fait la même chose qu'en Thaïlande: les médias américains et le président Obama auraient hautement condamnés un tel acte, contrairement au silence face au bain de sang qui a eu lieu en Thaïlande.

L'histoire des relations américano-thaïlandaises explique pourquoi. Pendant la guerre du Vietnam, la Thaïlande était l'un des principaux états “anti-communistes" dans une zone qui comprenait la Chine, le Vietnam, la Birmanie, et d'autres pays qui contestaient le capitalisme.

La Thaïlande a ainsi été transformée en un État client des États-Unis qui a fourni de l'argent, des armes et des renseignements du gouvernement américain pour battre les "communistes" de Thaïlande. Cette relation a perduré sous de nombreuses dictatures thaïlandaises qui ont une histoire très sanglante, y compris le massacre d'un nombre incalculable de manifestants que le gouvernement thaïlandais nommait "communistes", ou leur équivalent moderne, des "terroristes".

Les relations américano-thaïlandaises ont commencé à se dégrader lorsque le premier ministre destitué Thaksin Shinawatra a formé une relation plus étroite avec la Chine qui comprenait des accords économiques et militaires. L'Asian Times en résume les conséquences:

"La volonté de M. Thaksin de promouvoir les relations de défense avec la Chine a remis en cause des achats d'armes stratégiques aux Etats-Unis et de nombreux observateurs pensent que c'est l'une des raisons du silence de Washington face au coup d'Etat militaire du septembre 2006 qui a renversé un gouvernement démocratiquement élu." (7 novembre 2008).

Le gouvernement des États-Unis a souvent renversé "des gouvernements hostiles" en achetant les militaires de ces pays, un fait d'histoire longuement développé par Tim Weiner dans son livre sur la CIA "Legacy of Ashes". Quand un coup d'Etat soutenu par les États-Unis se produit, le gouvernement américain et les principaux médias du pays donnent une approbation tacite, tandis qu'un hurlement de rage de la part de ces derniers éclate lorsqu'un coup d'Etat arrive contre un gouvernement fantoche des Etats-Unis.

L'Asian Times continue:

"Beaucoup de responsables du coup d'Etat (de 2006) étaient connus comme étant des alliés des États-Unis, y compris les cerveaux présumés et formés par la CIA, Prasong Soonsiri et le président du Conseil privé Prem Tinsulanonda. D'ailleurs, Prasong a ouvertement reconnu son rôle dans le coup..."

Le coup d'État soutenu par les États-Unis contre le premier ministre thaïlandais Thaksin Shinawatra est à l'origine de la crise actuelle en Thaïlande. De grandes sections de la classe ouvrière thaïlandaise et de la paysannerie s'identifient encore à Thaksin et réclament son retour. Ils ont recours à des tactiques très militantes pour appuyer leurs revendications, qui, si elles aboutiraient, conduiraient à la restauration de la démocratie en Thaïlande. Le New York Times ajoute:

"La Thaïlande est secouée par une lutte acharnée entre les élites de la nation et ses pauvres privés de leurs droits, ce qui a joué dans les manifestations qui ont paralysé Bangkok pendant des semaines et menacent maintenant de se développer." (Le 15 mai 2010).

Le président Obama n'a pas dit un mot pour soutenir les pauvres de Thaïlande, et son silence a permis à l'élite thaïlandaise d'assassiner des manifestants dans les rues sans faire face à des pressions extérieures. Les États-Unis sont le principal importateur de Thaïlande, tout en fournissant une importante assistance économique et militaire. Une déclaration forte d'Obama pour dissuader les élites de Thaïlande de massacrer les manifestants aurait pu empêcher le bain de sang. Mais il est resté silencieux.

Depuis, des dizaines de manifestants ont été assassinés. Mais pour que l'élite pro-américaine de Thaïlande réussisse à maintenir sa domination politique, des centaines sinon des milliers d'autres devront être liquidés.

En travaillant à maintenir le coup d'Etat en Thaïlande qui a eu lieu à l'époque du gouvernement Bush, le président Obama doit assumer la responsabilité pénale pour les atrocités actuelles. Si la classe ouvrière thaïlandaise n'est pas en mesure de renverser ce gouvernement meurtrier, Obama portera le blâme d'avoir supporté un coup d'État ainsi que le gouvernement qui s'en est suivi et qui devra recourir à la longue à une brutalité massive pour maintenir sa domination.

Lien de la version originale en anglais de l’article:

http://www.globalresearch.ca/massacre-in-thailand-and-obama-s-foreign-policy-stance/19209

 

Shamus Cooke, citoyen des Etats-Unis, est travailleur social, syndicaliste et auteur pour le journal "Workers Action" (Action ouvrière)

 

Shamus Cooke

Shamus Cooke

Partager cet article
Repost0

commentaires