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12 octobre 2016 3 12 /10 /octobre /2016 13:13

La Révolution thaïlandaise de 1973 racontée dans le livre de Giles Ji Ungpakorn "Un coup d’Etat pour les riches"

Lien pour télécharger le livre:

https://fr.scribd.com/doc/243049902/Un-Coup-d-Etat-Pour-Les-Riches

 

Voici l'extrait du chapitre 3 du livre sur la Révolution thaïlandaise de 1973 :

La domination de la politique thaïlandaise par l'armée commença peu apres la révolution de 1932. Mais sa consolidation au pouvoir est venue avec le coup d'état militaire de Sarit thanarat en 1957. Le développement économique durant les années de dictature militaire des années 1950 et 1960 se situait dans un contexte de boom économique mondial et aussi local créé par les guerres de Corée et du Vietnam. Cette croissance économique eut un impact profond dans la société thaïlandaise. Naturellement l'importance de la classe ouvrière progressa tandis que des usines et des affaires furent développées. Cependant, sous la dictature, les droits syndicaux furent supprimés et les salaires, ainsi que les conditions d'emplois étaient bien contrôlés. Au début de 1973, le salaire minimum journalier était fixé autour de 10 baths, un taux inchangé depuis le début des années 1950 alors que le prix des marchandises avait augmenté de 50%. Des grèves illégales s'étaient déjà produites durant la période de dictature, mais celles-ci se multiplièrent rapidement à cause du mécontentement dû à la situation économique générale. Les 9 premiers mois de 1973, précédant le 14 octobre, il y eu un total de 40 grèves, et l'une d'entre elle, à la Thai Steel Company, qui dura un mois, a abouti à une victoire grâce au niveau élevé de solidarité venu des autres travailleurs.

Une des conséquences du développement économique fut aussi l'expansion massive du nombre d'étudiants et une augmentation des admissions d'étudiants venus de la classe ouvrière. L'ouverture, en 1969, de l'université ouverte Ramkamhaeng, fut un facteur significatif. Le nombre d'étudiant passa de 15,000 en 1961 à 50,000 en 1972. La nouvelle génération d'étudiants, du début des années 1970, fut influencée par les révoltes et les révolutions qui se produisaient à travers le monde durant cette période et mai 1968 à Paris en étant un des principaux exemples. Avant cela, en 1966 le journal radical, Social Science Review, fut fondé par des intellectuels progressifs. Les étudiants commencèrent à partir pour des camps de développement rural dans le but d'apprendre sur les problèmes de la pauvreté des campagnes. En 1971, 3 500 étudiants étaient allés dans un total de 64 camps. En 1972, un mouvement pour boycotter les produits japonais fut organisé dans le cadre de la lutte contre la domination étrangère de l'économie. Les étudiants se mobilisèrent aussi contre l'augmentation des tarifs de bus de Bangkok. En juin 1973, le recteur de l'université Ramkamhaeng fut obligé de démissionner âpres avoir tenté d'expulser un étudiant pour avoir écrit un pamphlet critiquant la dictature militaire. Quatre mois plus tard, l'arrestation de 11 universitaires et étudiants pour avoir distribué des tracts réclamant une constitution démocratique, eu pour résultat de faire descendre dans les rues de Bangkok des centaines de milliers d'étudiants et de travailleurs. Alors que des soldats avec des tanks ouvrirent le feu sur des manifestants désarmés, la population de Bangkok commença à répliquer. Des passagers d'autobus descendirent spontanément de leurs véhicules pour rejoindre les manifestants. Des bâtiments gouvernementaux furent incendiés. Les "Tigres jaunes", un groupe d'étudiants militants, mirent le feu au poste de police du pont Parn-Fa en y envoyant de l'essence prélevée sur un camion citerne dont ils avaient pris possession. Plus tôt dans la journée, la police leur avait tiré dessus.

 

14 octobre 1973: Des centaines de milliers de manifestants dans les rues de Bangkok

14 octobre 1973: Des centaines de milliers de manifestants dans les rues de Bangkok

La révolte massive couronnée de succès du 14 octobre 1973 choqua la classe dirigeante thaïlandaise jusque dans ses fondements. Durant les quelques jours suivants, il y eu une étrange nouvelle atmosphère à Bangkok. Les officiels de l'Etat en uniforme disparurent des rues et des gens ordinaires s'organisèrent eux même pour nettoyer la ville. Des scouts dirigeaient la circulation. C'était la première fois que les pu-noi (petites gens) avaient réellement entamés une révolution à partir de la base. Ce n'était pas prévu et ceux qui y prirent part n'avaient que de vagues notions de la sorte de démocratie et de société qu'ils désiraient. Mais la classe dirigeante thaïlandaise ne pouvait pas abattre assez de manifestants pour protéger son régime. Ce n'était pas seulement une révolte étudiante pour réclamer une constitution. Cela impliquait des milliers de gens ordinaires de la classe ouvrière et eu lieu au sommet d'une vague montante de grèves des travailleurs.

Le succès du renversement de la dictature militaire éleva énormément la confiance du peuple. Les travailleurs, les paysans et les étudiants commencèrent à se battre pour un peu plus qu'une simple démocratie parlementaire. Durant les deux mois suivant la révolte, le nouveau gouvernement de Sanya Tammasak nommé par le Roi fit face à un total de 300 grèves des travailleurs. Une fédération centrale des syndicats fut formée. De nouveaux organismes d'étudiants radicaux surgirent. Le 1er mai 1975, 250,000 personnes manifestèrent à Bangkok et, un an plus tard, un demi-million de travailleurs prirent part à une grève générale contre l'augmentation des prix. A la campagne, des petits fermiers commencèrent à bâtir des organisations et ils allèrent à Bangkok pour faire entendre leurs voix. Les ouvriers et les paysans voulaient la justice sociale et la fin des privilèges. Une Triple Alliance entre les étudiants, les ouvriers et les petits fermiers fut créé. Certains activistes désiraient la fin de l'exploitation et du capitalisme lui-même. L'influence du Parti Communiste de Thaïlande (PCT) grandit rapidement, spécialement parmi les activistes des zones urbaines.

Comme part du processus de réforme politique, en décembre 1973, le Roi présida un Forum National (souvent appelé "l'assemblé du champ de course de chevaux" à cause de sa location) trié sur le volet. Ce forum, dont les membres avaient été choisis parmi des professions variées, eu pour tâche de désigner un nouveau parlement. Kukrit Pramoj fut choisi comme président de celui-ci lors de son ouverture le 28 décembre, tandis que Sanya Tammasak conservait le poste de premier ministre. Cependant, ce parlement et le gouvernement de Sanya ne purent régler les tensions grandissantes dans la société entre les Conservateurs et la Gauche ou entre les riches et les pauvres.

Les premières élections démocratiques, depuis la révolution d'octobre 1973, furent tenues en janvier 1975. Le parlement avait une représentation de Gauche et le programme du gouvernement reflétait un besoin de traiter avec la pression des questions sociales. Les partis de Gauche, comme le Parti de la Nouvelle Force, le Parti Socialiste de Thaïlande et le Parti du Front Socialiste obtinrent 37 sièges (sur un total de 269) mais ne rejoignirent aucune coalition gouvernementale. Le premier gouvernement de coalition, entre le Parti Démocrate et le Parti d'Agriculture Sociale, fut établi par Seni Pramoj. Celui-ci, de centre droit, annonça qu'il allait suivre une politique "Sociale-démocrate". Cependant, il perdit le vote de confiance au parlement en mars 1975 et fut remplacé par un nouveau gouvernement de coalition avec, à sa tête, Kukrit Pramoj (le frère de Seni) du Parti d'Action Sociale. Ce dernier introduit un certain nombre de programme pour les pauvres, y compris un plan de création d'emplois. Il gouverna durant une période de tensions sociales grandissantes. Des grèves, manifestations, et assassinats politiques se produisaient régulièrement. Finalement le parlement fut dissous en janvier 1976 et des élections eurent lieu en avril. Ces dernières virent un revirement à Droite. C'était dû à une combinaison de plusieurs facteurs, comme l'intimidation de la Gauche et un déplacement électoral à Droite de la classe moyenne qui avait peur du radicalisme.

L'activisme étudiant dans la société

Dans la période qui suivit le renversement des militaires, le 14 octobre 1973, beaucoup de centres et de coalitions étudiantes furent formées dans des régions variées ainsi que des institutions d'enseignement différent. Quoi qu'il en soit, il y eu des tentatives pour coordonner les actions de ces différents groupes sous une simple organisation: The National Student Centre of Thailand (Centre National des Etudiants de Thaïlande). Cette dernière, ainsi que d'autres organisations d'étudiants, devint encore plus active dans des campagnes sociales variée, souvent en tant que membres de la Triple Alliance avec les travailleurs et les paysans. Néanmoins, ce mouvement fut obsédé par les scissions personnelles et politiques. Seksan Prasertkul, un des dirigeants étudiants du 14 octobre, forma le Free Thammasat Group (Groupe Thammasat Libre) et Tirayut Boonmi, un autre dirigeant étudiant, créa le People for Democracy Group (Peuple pour les Groupes Démocratiques). Ces soi-disant "groupes indépendants" pensaient que la direction du National Student Centre était trop conservatrice, refusant souvent de mobiliser les étudiants pour des questions importantes comme la protestation couronnée de succès contre le retour du Marechal Thanom Kittikachorn, l'ancien dictateur évincé, en 1974. Pour cette raison, ces groupes indépendants variés formèrent un centre alternatif, le “National Coalition Against Dictatorship” (Coalition Nationale Contre la Dictature) avec Sutam Sangprathum comme secrétaire général. Un important domaine d'activité pour les étudiants fut la lutte contre l'impérialisme américain et pour une soi-disant "indépendance thaïlandaise". La dictature militaire avait été une proche alliée des Etats Unis durant la Guerre Froide, envoyant un nombre symbolique de troupes thaïlandaises pour aider les Américains aussi bien en Corée qu'au Vietnam. En 1973, il y avait 12 bases militaires américaines dans le pays, avec 550 avions de combat et des milliers de soldats stationnés sur le sol thaïlandais dans le but de soutenir l'effort de guerre des Etats Unis en Indochine. Ces bases étaient légalement un territoire des Etats Unis, un point mis en lumière par l'arrestation et l'exécution d'un citoyen thaïlandais, Tep Kankla, par une cour de justice américaine pour le meurtre d'un soldat américain en décembre 1973. Mis à part ça, peu âpres la guerre du Vietnam, les Etats Unis utilisèrent la base navale d'U-Tapao pour lancer une attaque contre le Cambodge le 14 mai 1975 sans consulter le gouvernement thaïlandais

La présence d'un si grand nombre de soldats américains, ainsi que ce qui était vu comme la dominance de l'économie locale par des compagnies américaines, semblait confirmer l'analyse maoïste du Parti Communiste de Thaïlande que ce pays était une "semi-colonie" des Etats Unis. Apres 1973, il y eu donc une campagne grandissante pour flanquer dehors les bases américaines. Cette campagne, qui fut stimulée par la défaite des Etats Unis au Vietnam et les nouvelles conséquences géopolitique qui en résultèrent, conduisit le premier ministre Kukrit à réclamer le retrait des Américains en mars 1975. Ce fut renforcé par une manifestation massive contre les bases américaines le 21 mars 1976. Peu âpres cela, les Etats Unis retirèrent finalement leurs troupes de Thaïlande.

Un autre domaine important dans lequel le mouvement étudiant était actif, fut celui des droits de l'homme et de la démocratie. Les Etudiants firent campagne pour rajouter plus d'amendements dans la Constitution de 1974 et ils se mobilisèrent contre la répression de l'Etat. Le 24 janvier 1974, les forces de sécurité du gouvernement attaquèrent et brulèrent le village de Na Sai situé dans la province du Nord-Est de Nong Khai. Trois villageois furent tués par les troupes gouvernementales. Initialement, le gouvernement prétendit que cette atrocité fut commise par les communistes, mais Tirayut Boonmi, fut capable de prouver publiquement que c'était le fait du gouvernement. Des pressions du mouvement étudiant obligèrent ce dernier à admettre le crime et à payer des compensations aux villageois. Le général Saiyut Kertpol, chef de la Communist Suppression Unit (Unité de Suppression des Communistes), fut aussi forcé d'avouer que la politique gouvernementale précédente avait été "trop dure".

L'incident de Na Sai fut suivi par la révélation d'un autre crime d'état dans la province du Sud de Patalung. Il est estimé qu'entre 1971 et 1973, les forces gouvernementales ont systématiquement arrêtées et interrogées des villageois, ce qui aboutit à plus de 3000 morts. Dans ce qui deviendra connu comme l'incident des Bidons Rouges (Tang Daeng), les villageois furent tués et ensuite brulés dans des bidons d'essence ou jetés des hélicoptères.

En plus de dénoncer la répression d'état, des volontaires étudiants s'impliquèrent aussi dans la campagne, plutôt sponsorisée et patronnée par l'Etat, pour "diffuser les idées démocratiques parmi les gens du monde rural" lors des vacances d'été de 1974. Quoi qu'il en soit, cette campagne offrit l'opportunité pour des milliers d'étudiants urbains d'observer sur le terrain les problèmes sociaux des villages tout en renforçant la coopération future entre les étudiants et les petits fermiers dans la Triple Alliance. Cela contribua à élargir les activités des étudiants dans le domaine de la justice sociale et ils devinrent encore plus à gauche.

Sur le front culturel, les étudiants firent campagne pour l'art et la littérature pour être plus en harmonie avec la vie des gens ordinaires. C'était souvent influencé par les idées étroites et limitées du "réalisme socialiste" stalinien, qui pouvaient être trouvées dans les écrits de Jit Pumisak. Une exposition nommée "bruler la littérature" condamnait les livres conservateurs qui servaient les intérêts féodaux. Au même moment il y eu un fleurissement d'une nouvelle "littérature pour le peuple", d'un "théâtre pour le peuple" et la naissance de "chansons pour le peuple", qui parfois ajoutait des paroles thaïlandaises à la musique des "protest songs" occidentaux de la même période. Une campagne de critique fut aussi engagée contre le système d'éducation élitiste et compétitif. Cette dernière aboutie à un comité gouvernemental qui fut établi en 1975 dans le but de reformer l'éducation.

Une importante organisation qui émergea de ces activités culturelles fut la "Coalition des Artistes Thaïlandais", qui organisa une exposition de rue sur "l'Art Populaire" le long de l'avenue Rajchadamnern en octobre 1975. Ces artistes et étudiants d'art eurent aussi un rôle très important en produisant des affiches et des bannières de propagande contre l'influence de l'armée et les bases américaines. D'une certaine manière le mouvement artistique fut plus pluriel que beaucoup d'organisations estudiantines, étant influencé par les idées plus radicalement libertaires du mouvement occidental des années 1960 que par l'influence du PCT. Apres le bain de sang du 6 octobre 1976, beaucoup d'artistes partirent rejoindre les guérillas communistes de la jungle mais luttèrent pour maintenir leur esprit libre parmi l'étroite idéologie du PCT.

La politique des étudiants à l'intérieur des universités et collèges

Une importante conséquence de la victorieuse révolte du 14 octobre 1973 contre la dictature fut l'établissement de partis politiques de Gauche étudiants dans les universités et les lycées. Ces derniers se portèrent candidats pour l'union étudiante. Quelques-uns gagnèrent immédiatement tandis que les autres augmentèrent graduellement leur influence au dépend de la Droite. Au milieu de l'année 1976, la plupart des universités avaient des organismes étudiants de Gauche, y compris l'université Kasetsart qui était auparavant perçue comme un bastion de la Droite. Une fois que la victoire de la Gauche fut complète, le corps étudiant fut capable de s'unifier une fois de plus autour du National Student Centre avec Kriangkamol Laohapairote comme secrétaire général. Un effet de la victoire de la Gauche fut la disparition temporaire du système de séniorité puisque les étudiants étaient devenus plus égalitaires et actifs dans leur tentative de changer la société. Des camps d'été étudiants furent organisés à la campagne dans le but de partager des expériences avec les pauvres villageois et moins d'insistance fut placée sur les matchs de football inter-universités. Malgré le fait que les divers partis étudiants de l'aile Gauche dans les institutions variées étaient plus ou moins autonomes dans les structures officielles, ils partageaient la même idéologie qui était lourdement influencée par le maoïsme du Parti Communiste Thaïlandais. Cela peut être vu dans leur concentration sur des activités à la campagne, bien que beaucoup de groupes travaillaient aussi parmi les travailleurs urbains. En gros, le mouvement étudiant était un mouvement socialiste qui partageait l'analyse du PCT comme quoi la Thaïlande était une société semi-féodale semi-colonie des Etats Unies. La lutte armée du PCT à la campagne était perçue comme la clé pour bâtir une société meilleure. Beaucoup d'étudiants de gauche prirent aussi parti pour la direction du PCT lors de disputes idéologiques comme celle qui opposa la direction du PCT avec l'ancien dirigeant communiste Pin Bua-orn. Ce dernier était opposé à la lutte armée adopté par le PCT et voulait continuer la politique d’Alliance Inter-Classe stalinienne/maoïste que le Parti Communiste Thaïlandais avait défendue durant la période du régime de Pibul Songkram et au début de la dictature de Sarit Thannarat. Les groupes étudiants s'impliquèrent aussi aux cotés de la direction du PCT sur la lutte de faction qui avait pris place en Chine vers la fin de la Révolution Culturelle.

L'influence du PCT à l'intérieur du mouvement étudiant n'était pas une conspiration secrète. Elle reflétait la montée des idées de Gauche parmi beaucoup de gens dans la société thaïlandaise. En pratique, cette influence du Parti Communiste Thaïlandais dans le corps étudiant provenait de 3 sources principales. La première est que le PCT était le seul parti politique de l'aile Gauche qui avait une analyse cohérente de la société et un plan d'action clair. Cela voulait dire naturellement que beaucoup de ceux qui recherchaient une réponse, se tournerait vers le Parti Communiste Thaïlandais, spécialement après les victoires des divers partis communistes dans les pays voisins d'Indochine. La seconde est que de jeunes membres (Yor) du PCT ainsi que des membres ainés (Sor) étaient actifs à l'intérieur même du mouvement étudiant. Certains avaient été recrutés lorsqu'ils étaient encore au lycée et d'autres, après être entrés à l'université. Le recrutement était un long processus, impliquant des petits groupes secrets d'études organisé parmi des relations, mais cela aida à éduquer les activistes à l'idéologie du PCT. La troisième est que des articles exprimant la stratégie politique du Parti Communiste Thaïlandais étaient imprimés dans des journaux étudiants comme Atipat et que la station de radio du PCT, La Voix du Peuple de Thaïlande, était très populaire parmi beaucoup de gens à cette époque.

Il serait tout à fait faux de croire que les dirigeants étudiants, même ceux qui étaient membres du parti, recevaient des ordres direct du Comité Central du PCT. D'abord parce que les dirigeants du parti étaient au loin dans la campagne et ensuite parce que le parti ne vit jamais la lutte urbaine comme étant centrale dans la stratégie maoïste globale. Pour cette raison, on peut supposer que, durant la période entre 1973 et 1976, les activistes étudiants possédaient un degré élevé d'indépendance dans la direction et l'organisation, bien qu'ils acceptaient l'analyse politique globale du parti. C'est d'ailleurs confirmé par beaucoup d'activistes étudiants de cette période.

Comme déjà mentionné plus haut, entre 1973 et 1976, les partis étudiants de gauche gagnèrent graduellement les élections. A l'université Thammasat le Parti Palang Tum (Parti de la Force Morale) fut fondé juste avant la révolte d'octobre 1973 et il gagna un nombre substantiel d'élections, soutenant Peerapol Triyakasem comme son candidat. A l'université ouverte Ramkamhaeng, le Parti Sajja-Tum (Parti de la Vérité Morale) pris graduellement le dessus sur des partis plus centristes, gagnant la direction du corps étudiant en 1975. A l'université Chulalongkorn le Parti Chula Prachachon (Parti du Peuple de Chula) gagna les élections en 1976 contre un parti de droite et Anek Laothamatas devint président des étudiants. A Mahidol et Sri-Nakarin les partis de gauche gagnèrent aussi les élections et, à Chiangmai, Chaturon Chaisaeng du Parti Pracha Tum Party (Parti du Peuple Moral) gagna l'élection de l'union des étudiants en 1976.

Le glissement progressif vers des politiques de gauche parmi les étudiants pendant la période 1973-1976, jusqu'à que la Gauche devienne l'influence principale, refléta la polarisation entre la Droite et la Gauche qui prenait place dans une large société. A partir de ça nous pouvons comprendre pourquoi la classe dirigeante devint déterminé à faire n'importe quoi, y compris utiliser la force si nécessaire pour détruire le mouvement étudiant et ses tentatives aboutirent au bain de sang du 6 octobre 1976 à l'université Thammasat.

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