Un article de Giles Ji Ungpakorn
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http://redthaisocialist.com/francais/480-yingluk-est-tombee-dans-le-piege-tendu-par-les-forces-anti-democratiques-de-lelite.html
Yingluk et son gouvernement Pua Thai ont été mis sous pression afin de dissoudre le parlement, par une dangereuse coalition entre les Démocrates de Sutep Tuaksuban, les protestataires de la
classe moyenne, les universitaires pro-militaires, les fonctionnaires et les groupes conservateurs des ONG. Il s'agit de la même coalition qui avait soutenu le coup d'Etat militaire de 2006.
Ayant maintenant goûté au sang, ils réclament plus. Ils exigent que Yingluk démissionne de son poste de Premier ministre par intérim, un rôle pourtant prévu par la Constitution. Ils réclament que
les élections soient boycottées par les partis d'opposition. Ils veulent aussi que ces élections législatives, qui doivent se tenir au début de Février, soient reportées. Ils justifient cela par
une malhonnête revendication de politique de "réforme" en Thaïlande avant toute nouvelle élection. Mais ce qu'ils veulent vraiment, c'est de changer les règles électorales afin que le Parti
Démocrate puisse gagner plus de sièges au parlement. Les Démocrates n'ont jamais remporté plus d'un tiers des voix au niveau national durant ces 20 dernières années. C'est parce que ce parti est
un parti conservateur de l'élite et des grandes entreprises, qui est contre l'utilisation de fonds publics pour la création d'emplois, la protection sociale et des soins de santé décents. En plus
des élections truquées qu'ils désirent, ils veulent réduire le rôle des élus et accroître encore plus le rôle et le pouvoir des conservateurs nommés par l'élite. Déjà les juges constitutionnels,
nommés par l'armée, ont estimés qu'ils pouvaient empêcher un parlement élu de modifier la Constitution.
Honteusement, la Commission électorale, qui est censé superviser des élections démocratiques libres et équitables, fait également pression sur le gouvernement pour qu'il reporte l'élection et
fasse un compromis avec ceux qui souhaitent réduire l'espace démocratique. Le Parti Pua Thai et ses partisans, les dirigeants des Chemises rouges de l'UDD, n'ont pas réussi à contrer ces attaques
contre la démocratie. Yingluk est tombée, comme une somnambule, dans le piège tendu par les forces anti-démocratiques de l'élite. Auparavant, son parti avait fait un mauvais marché avec l'armée,
en promettant d'amnistier les généraux et les politiciens du Parti Démocrate qui avaient massacrés les manifestants en 2010. Le Pua Thai espérait alors être en mesure de faire revenir Taksin en
Thaïlande. Une autre partie de cet accord assurait aux militaires qu'ils conserveraient toute leur puissance ainsi que leurs privilèges et défendait aussi l'utilisation continue de la
lèse-majesté. Jusqu'à présent, les militaires sont restés à l'écart de la confrontation entre Sutep et Yingluk.
Des réformes démocratiques réelles impliqueraient une refonte complète du système judiciaire, la mise en place d'un système de jury, le retrait de l'armée de la politique et des médias, la
suppression de la loi de lèse-majesté et la fin de l'impunité pour les assassins de l'Etat et les responsables du coup d'Etat. Cependant, tout ceci est très loin de l'esprit de ceux qui
maintenant bêlent à l'appel d'une "réforme politique".
Photo ci-dessous: Yingluk