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30 mai 2014 5 30 /05 /mai /2014 19:19

Un article de Numnual Yapparat & Giles Ji Unpakorn

Lien:

http://uglytruththailand.wordpress.com/2014/05/28/this-is-an-aggressive-and-arrogant-coup/

 

Le général Prayut Chan-ocha cherche à exercer son pouvoir de façon agressive. Il a refusé avec arrogance de répondre à deux questions fondamentales des journalistes quant à savoir s'il serait le prochain Premier ministre et quand les élections auraient lieu. En réponse à la première question, il s'est mis en colère et a pointé son doigt vers le journaliste en demandant "Voulez-vous être PM alors?" En réponse à la question sur la prochaine échéance électorale, il a crié "Il n'y a aucune période de temps", puis a claqué la porte de la conférence de presse. Il manque clairement de compétences en communication. Le lendemain, l'armée a convoqué les journalistes pour leur donner une leçon sur la façon de poser une question de manière appropriée à Son Excellence le généralissime.

La junte a fait savoir quelle sorte de punition les journalistes devront faire face s'ils ne respectent pas le régime du Nouvel Ordre.

Le 27 mai dernier, les soldats ont été assez stupides pour arrêter l'ex- ministre de l'Éducation, Chaturon Chaisaeng, alors qu'il donnait une conférence de presse devant des centaines de journalistes au Club des Correspondants Etrangers de Thaïlande. Il est maintenant en prison et doit faire face à un tribunal militaire. Tous ceux qui ont été arrêtés devront également faire face à des tribunaux militaires s'ils sont inculpés.

Des militants pro-démocratie, des universitaires progressistes, des leaders des Chemises rouges et des étudiants ont été informés qu’ils devraient se livrer à la junte militaire dans les clubs de l'armée. Beaucoup ont été immédiatement arrêtés et envoyés dans des camps militaires. Certains d'entre eux ont refusé d'y aller et sont maintenant dans la clandestinité.

Non seulement l'armée a arrêté des gens honnêtes qui croient en la liberté et la démocratie, mais aussi leurs parents et enfants. Des gens comme la femme de Somyot et son fils ont été temporairement arrêtés après que les troupes aient pénétré de force dans leurs maisons. Le frère de l'infirmière qui a été abattu par des snipers de l'armée en 2010 a également été arrêté puis libéré plus tard. Les activités politiques sont interdites dans les universités. Des étudiants sont arrêtés pour avoir protesté contre le coup d'Etat. Les soldats ont pénétré dans les maisons des dirigeants chemises rouges dans le Nord et le Nord-est et leur ont ordonné sous la menace de ne pas mobiliser les gens contre le coup d'Etat.

Lors d’un contraste marquant, les membres du gang de Sutep, qui portaient des armes et utilisaient la violence dans les rues pour saboter les élections de février ont tous été libérés. L'armée tente d'arrêter toute personne qui a le potentiel de mener une rébellion contre elle.

Le généralissime Prayut, le Grand Leader, a donné un ordre de déployer des banderoles dans plusieurs provinces se "remerciant" lui-même pour avoir aidé les agriculteurs. En fait, il cherche à profiter du programme de subvention du riz mené par le gouvernement précédent. Il veut désespérément donner l'impression qu'il est un leader fort qui peut "sauver" la Thaïlande de la crise. Mais lui et ses collègues anti-démocrates sont à l'origine de la crise actuelle.

Le généralissime Prayut veut montrer qu'il est un homme dur. Lui et sa junte ont publiés un grand nombre de décrets, couvrant presque tous les aspects de la vie. Un récent décret est d'interdire tous les jeux. Gageons que cela ne fonctionnera pas.

Il essaie de fléchir ses muscles et de réclamer que lui, le Grand Leader, peut beaucoup mieux faire que tout autre gouvernement civil élu pour régler les problèmes de l'ensemble du pays. Pour tenter de stimuler l'économie, il veut reprendre à son compte les grands projets d'infrastructure que le Parti Pua Thai avait essayé de mettre en place. Bien sûr, ceux qui hurlaient le plus fort contre les projets du Parti Pua Thai, y compris les juges de la Cour constitutionnelle, sont maintenant étrangement silencieux. Prayut a placé les militaires et ses copains anti-démocrates dans des positions de pouvoir. Des créatures de la junte de 2006, comme Pridiyatorn, ont rampé pour réclamer le droit d'aider le régime actuel dans son sale boulot.

Le comportement du Généralissime Prayut nous rappelle l'ancien temps du maréchal dictateur Sarit Tanarat, l'un des premiers ministres les plus brutaux et corrompus de l'histoire thaïlandaise. Sarit était au pouvoir de 1958 à 1963. Il est mort d'une cirrhose du foie et avait des centaines de femmes. Après sa mort, un comité a été mis en place pour récupérer les millions qu'il avait volés à la nation. Tout au long de son temps comme dictateur, il a publié de nombreux décrets stupides, mais surtout il a ordonné l'exécution sommaire et sans procès de gangsters et trafiquants de drogue qui empiétaient sur ​​ses propres intérêts. Certaines de ces personnes ont été exécutées en public. Des socialistes et des communistes ont également été massacrés.

Mais la Thaïlande des années 1950 et 60 n'est pas la même que la Thaïlande d'aujourd'hui. En 1954, 88 % de la population active était impliquée dans l'agriculture. En 2002 au début du gouvernement Thai Rak Thai, ce chiffre était tombé à 37 %, les autres 63 % dépendaient de l'industrie et des services. Et même la plupart des gens classés comme travaillant dans l'agriculture sont en fait impliqués dans la "multiplicité du travail", un "mélange d’emplois agricoles" avec des "emplois non agricoles". La majorité des Thaïlandais font maintenant partie de la classe ouvrière urbaine.

En 1960, pas plus de 20 % de la population n'avait atteint les plus faibles qualifications de l'enseignement secondaire. En 1999, le Ministère de l'éducation a indiqué que 84 % de tous les jeunes de 12-14 ans avaient été à l'école secondaire. Les gens n'ont pas besoin d'avoir été éduqués à l'école ou au collège pour comprendre la démocratie, les droits humains ou la justice sociale, contrairement à ce que la plupart des élites conservatrices affirment, mais l'éducation peut augmenter la confiance en soi afin de s'organiser, de se lever et de se battre. La prolifération de l'enseignement secondaire en Thaïlande peut aider à expliquer en partie pourquoi le mouvement chemise rouge est devenu le plus grand mouvement social de l'histoire thaïlandaise. L'éducation et les compétences de base en informatique sont également utiles pour que les Chemises rouges, dans un climat de grave censure de la part du gouvernement de la junte, puissent accéder à des sites Web de même qu'aux blogs et à la radio diffusée sur Internet, ainsi que pour communiquer les uns avec les autres via e-mail, Facebook et Skype.

Le généralissime Prayut peut rêver qu'il est le chef suprême. Il peut rêver de transformer la Thaïlande en un état policier du Nouvel Ordre. Mais ses rêves commencent à s'effondrer. Tout au long des premiers jours de l'après coup d'Etat, il y a eu des manifestations anti-militaires spontanées faites par des centaines de personnes à Bangkok et dans d'autres villes. Certaines de ces manifestations ont mobilisée quelques milliers de personnes. Les soldats ont souvent été réprimandés par les femmes d'âge moyen. Plus d'une fois, des soldats ont été forcés de battre en retraite face à la foule en colère. La majorité des 70 millions de la population de Thaïlande est totalement opposée à la junte et elle l'a montré lors des dernières élections.

Le 28 mai 2014, la junte a testé sa capacité à bloquer Facebook ainsi que d'autres réseaux sociaux, mais ils n'ont pas pu le faire longtemps car cela a rendu les Thaïlandais furieux. Ils ne peuvent pas bloquer l'internet dans son ensemble sinon ils détruiraient l'économie. La seule chose qu'ils peuvent faire est de bloquer certains sites web, y compris celui de Midnight University ainsi que des centaines d'autres sites. Ils peuvent également tenter de fermer Facebook lors de moments stratégiques s'ils pensent que le media social est utilisé pour organiser certaines actions politiques.

Les militants pro-démocraties s'organisent pour protester à nouveau le 1er Juin 2014 à Ratchapasong et des gens continuent de retourner se recueillir au Monument de la Victoire.

Il faut faire preuve d'un immense courage pour défier une junte militaire et se tenir debout devant des soldats armés. En 2010, le général Prayut avait ordonné le massacre de près de 90 manifestants chemises rouges qui réclamaient des élections démocratiques après un coup d'Etat judiciaire. L'espoir est que ce mouvement se développera jusqu'à atteindre une classe ouvrière organisée. Mais cela prendra du temps. Cela pourrait bien être un cas de "deux pas en avant, un pas en arrière". La junte ne pourra pas être renversée en une nuit.

Des militaires thaïlandais fouillent les maisons des opposants

Des militaires thaïlandais fouillent les maisons des opposants

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29 mai 2014 4 29 /05 /mai /2014 12:13

Des  étudiants militants des universités de Mahasarakham et de Khon Kaen ont été convoqués mardi 27 mai 2014 par l'armée.

Cinq étudiants de l'université de Mahasarakham ont ensuite été libérés, mais l’un d'entre eux est encore détenu.

Le Commandement du Maintien de la Paix de la province de Mahasarakham avait déjà envoyé une lettre au recteur de l'université et avait demandé aux six étudiants de se rendre a l'armée, le mardi 27 mai 2014 à 11 heures du matin.

Trois autres étudiants militants, venus eux aussi de l'université de Mahasarakham, ont été convoques, bien que leurs noms ne figuraient pas dans la convocation officielle. Ils sont toujours en détention et personne ne sait où l'armée les a emmenés. Les personnes libérées ont dit que dit l'armée les a averti de ne plus faire d’activisme politique pendant la loi martiale. Deux militants étudiants de l'université de Khon Kaen ont également été convoqués, mais ils ne se sont pas présentés à l'armée.

Source:

http://www.prachatai.com/english/node/4038

La Thaïlande en pleurs

La Thaïlande en pleurs

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29 mai 2014 4 29 /05 /mai /2014 12:10

Le leader du coup d'Etat de Thaïlande a déclaré que le Roi du pays l'avait officiellement approuvé pour diriger la nation après que les forces armées aient pris le pouvoir la semaine dernière. L'annonce intervient un jour après que la junte ait mis en garde les manifestants qu'elle était prête pour la répression contre l'opposition civile.

La junte du Conseil National pour la Paix et l'​​Ordre a nommé une demi-douzaine de dirigeants.

Le général Prawit Wongsuwan a été nommé président du conseil de la junte.

Somkid Jatusripitak (un ancien ministre des Finances du gouvernement Thaksin qu'il avait trahit) est responsable des affaires étrangères

Pridiyathorn Devakula (ancien ministre des Finances sous le gouvernement militaire de Surayut) et Narongchai Akrasanee (ancien sénateur et ministre du Commerce) sont responsables des affaires économiques

Wisanu Krue-ngam (un ancien secrétaire général sous Thaksin, qu'il avait trahit lui-aussi) est responsable des affaires juridiques et de la justice

Le général Anupong Paochinda (ancien organisateur du coup d'Etat de 2006 et massacreur des Chemises rouges en 2010) est nommé responsable des affaires de sécurité.

Prawit et Anupong étaient les principaux soutiens de Suthep.

Source:
http://asiancorrespondent.com/123204/gen-prawit-appointed-chairman-of-the-military-junta/

Le général Prawit Wongsuwan

Le général Prawit Wongsuwan

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29 mai 2014 4 29 /05 /mai /2014 11:41

Le chanteur du groupe Carabao, Yuenyong Opakul, est bien connu comme étant un sympathisant actif des Chemises jaunes d'extrême droite... et ce depuis que Thaksin a interdit la circulation des poulets en 2004 pour cause de grippe aviaire. Le chanteur, qui possède certains des plus beaux coqs de combats du Royaume, l'avait très mal pris. Depuis, il a supporté les manifestations du PAD en 2006, le coup d'état en septembre de cette même année et même le massacre des Chemises rouges en avril/mai 2010. Pire encore, Yuenyong Opakul vient de proclamer sur sa page facebook qu'il dédiait toutes ses chansons au général Prayuth et à la junte qui vient de prendre le pouvoir en Thaïlande et règne par la terreur.

 

 

Carabao dédie ses photos au général Prayuth, le chef de la junte

Carabao dédie ses photos au général Prayuth, le chef de la junte

Cet homme, qui a fait son beurre grace à des chansons pseudo-révolutionnaires, n'a plus aucune honte et s'est placé délibérément dans le camp des antidémocrates. Liberez-Somyot appelle au boycott de tous ses disques et de la boisson énergétique "Carabao Daeng" dont il est proprietaire.

Le chanteur du groupe Carabao, Yuenyong Opakul, décide de collaborer avec la junte militaire
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28 mai 2014 3 28 /05 /mai /2014 14:45

Un article de Peter Symonds

Lien de l'article en anglais:

http://www.wsws.org/en/articles/2014/05/26/pers-m26.html

 

La réponse américaine au coup d'Etat militaire de la semaine dernière en Thaïlande était totalement cynique. Apres avoir déclaré qu'il était "déçu par la décision de l'armée thaïlandaise de suspendre la constitution et prendre le contrôle du gouvernement", le secrétaire d'Etat John Kerry a demandé "un retour à la démocratie" et a averti que les programmes d'assistance militaire et d'autres seraient examinés.

La "déception" de Kerry n'avait rien à voir avec une quelconque préoccupation pour les droits démocratiques du peuple thaïlandais. Elle reflète plutôt que la préoccupation de l'administration Obama, tout au long de ces sept mois de troubles politiques à Bangkok, a été de préserver ses relations étroites et de longue date avec l'armée thaïlandaise dans le cadre de son vaste plan de "pivot asiatique" et de son escalade militaire contre la Chine dans la région.

La prise du pouvoir par l'armée, le 22 mai, est l'aboutissement de ce qui ne peut être décrit que comme un coup d'Etat rampant par les élites traditionnelles de Thaïlande qui gravitent autour de la monarchie et qui étaient amèrement hostiles au gouvernement élu du Parti Pua Thai et à son bailleur de fonds principal, l'ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra. Des manifestations anti-gouvernementales, qui ont débuté en novembre dernier, exigeant l'éviction de la Première ministre Yingluck Shinawatra, la soeur de Thaksin, ont été accompagnées par des décisions judiciaires partisanes qui ont resserré l'étau autour du gouvernement.

L'administration Obama n'a rien dit en mars dernier lorsque la Cour constitutionnelle a annulé les résultats de l'élection du 2 février qui avait été perturbée par des manifestations anti-gouvernementales ainsi qu'un boycott du Parti Démocrate d'opposition. La décision du tribunal a laissé le gouvernement dans les limbes du pouvoir avec un statut de gouvernement intérimaire aux pouvoirs limités. Washington n'a pas non plus critiqué la décision de la Cour constitutionnelle du 7 mai de cette année, qui a renversé Yingluck et neuf ministres sur de fausses accusations, ce qui équivalait à un coup d'Etat judiciaire. Le 20 mai dernier, le Département d'État des États-Unis a approuvé l'imposition de la loi martiale par l'armée et a accepté la parole du général en chef de l'armée Prayuth Chan-ocha comme quoi ce n'était "pas un coup d'Etat."

Kerry a seulement exprimé sa déception deux jours plus tard après que Prayuth ait dissous le gouvernement intérimaire, arrêté des dirigeants politiques, imposé une censure totale, interdit les rassemblements publics et ait pris le pouvoir en tant que Premier ministre lui-même. Il n'était plus possible pour les États-Unis de prétendre qu'un coup d'Etat militaire n'avait pas eu lieu et cela a mis l'administration Obama dans une position où elle était légalement tenue d'agir. En vertu de la Loi sur l'Aide étrangère des USA, la Maison Blanche doit nécessairement couper l'aide aux pays dans lesquels un "chef de gouvernement élu est renversé par un coup d'État militaire."

Les États-Unis ont depuis annoncé une suspension symbolique de 3,5 millions de dollars d'aide militaire à la Thaïlande, mis fin à un exercice naval conjoint qui était en cours depuis la semaine dernière, et annulé un programme de formation de la police et deux échanges de haut niveau. Il ne fait aucun doute, cependant, que dans les coulisses, l'étroite collaboration du Pentagone avec les militaires se poursuivra sans relâche jusqu'à une reprise des relations complètes le plus tôt possible.

Tout cela a été élaboré à l'avance entre l'administration Obama et les chefs militaires thaïlandais. Le secrétaire d'Etat adjoint américain, Daniel Russel, était à Bangkok le mois dernier pour rencontrer "un éventail de dirigeants ainsi que les parties prenantes." Il a fait appel au public pour un compromis entre le gouvernement et ses opposants royalistes exigeant un "Comité Populaire " non élu pour diriger le pays. Dans les coulisses, cependant, les responsables américains ont sans doute été informés par les chefs militaires.

Le coup de la semaine dernière suit le même schéma que l'éviction de Thaksin par l'armée en 2006. WikiLeaks a révélé plus tard que l'ambassadeur américain Ralph Boyce avait été informé du coup d'Etat militaire plusieurs semaines à l'avance et avait donné son approbation. Les deux parties avaient convenus qu'il y aurait une réduction de l'aide des États-Unis en façade. Cependant, le financement des États-Unis a continué pour les programmes de non-prolifération et de lutte contre le terrorisme. La Thaïlande a gardé son traitement préférentiel comme un allié majeur non-OTAN et les exercices militaires annuels conjoints Cobra Gold, l'une des plus grande manœuvre militaire du monde, se sont déroulés comme prévu en 2007 alors que la junte était au pouvoir. L'administration Obama a sans doute donné le feu vert pour ce dernier coup d'Etat comme l'administration Bush l'avait fait en 2006.

Les actions de l'armée ne visent pas principalement la faction pro-Thaksin de la classe dirigeante, mais la classe ouvrière et les pauvres du monde rural. La peur dans les cercles dirigeants thaïlandais, et aussi à Washington, c'est que les luttes intestines prolongées entre factions puissent ouvrir la porte à un mouvement de travailleurs et de paysans suite à des conditions de croissance économique négative, une montée des tensions sociales et des exigences des entreprises pour l'austérité .

Tout en donnant un soutien tacite au coup d'État, les États-Unis cherchent aussi à minimiser l'impact de ​​leurs relations avec l'armée. La Thaïlande est un allié militaire principal et a envoyé des troupes pour combattre dans les guerres américaines néocoloniale en Corée, au Vietnam, en Afghanistan et en Irak. Pendant la guerre du Vietnam, 50 000 soldats américains étaient basés en Thaïlande et des bombardiers américains en mission au Vietnam décollaient des bases aériennes thaïlandaises.

L'importance de la Thaïlande aux plans de guerre du Pentagone a été soulignée par un câble WikiLeaks datant de 2009 et écrit par l'ambassadeur américain Eric John qui a noté que "nos militaires accèdent tranquillement à la base aérienne d'Utapao plus de 1000 fois par an pour des vols en vue d'appuyer les opérations américaines, y compris pour les missions en Afghanistan et en Irak." Il a également noté que l'armée américaine a utilisée la même base aérienne "pour des vols contre des cibles qui présentaient un intérêt pour l'intelligence (NDT: la CIA), et nous avons reçu l'autorisation de ces opérations comme une question de routine, sans avoir à répondre à des questions à la fin de ces vols. Il est difficile d'imaginer un autre pays en Asie qui puisse si facilement permettre ces opérations. Alors que nous évitons de faire connaître notre utilisation d'Utapao pour éviter les sensibilités thaïlandaises concernant la perception de l'implication étrangère dans leur pays, Utapao et les ports maritimes thaïlandais demeurent vitaux pour nos objectifs de projection de nos forces en Asie du Sud-Est".

Le soutien implicite de Washington pour le coup d'Etat militaire de la semaine dernière en Thaïlande est un avertissement à la classe ouvrière en Asie et à l'étranger. Loin d'être un champion de la démocratie, l'impérialisme américain soutient de plus en plus les régimes d'ultra-droite, comme le gouvernement japonais de Shinzo Abe et la présidente de Corée du Sud, Parc Geun-hye, fille de l'ancien dictateur soutenu par les États-Unis, Parc Chun-hee, car il cherche à réaffirmer l'hégémonie des États-Unis à travers le "pivot asiatique" en vue de se préparer à la guerre contre la Chine. La junte thaïlandaise est le dernier domino du "pivot".

La lutte politique pour les droits démocratiques et contre l'austérité est nécessairement liée à la lutte contre la politique va-t-en-guerre des États-Unis. Les travailleurs de Thaïlande ne pourront défendre leurs intérêts de classe et leurs droits fondamentaux qu'en se tournant vers la classe ouvrière de toute la région et surtout en participant à une lutte commune contre les États-Unis dans une perspective socialiste et internationaliste.

Peter Symonds

Lors des manœuvres conjointes Thaïlande/USA Cobra Gold, un instructeur militaire américain explique à des soldats thaïlandais comment lutter en milieu urbain

Lors des manœuvres conjointes Thaïlande/USA Cobra Gold, un instructeur militaire américain explique à des soldats thaïlandais comment lutter en milieu urbain

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28 mai 2014 3 28 /05 /mai /2014 10:14

Un article de Supalak Ganjanakhundee

Lien:

http://www.nationmultimedia.com/politics/Coups-are-only-helping-boost-Thaksins-image-30234779.html

 

(NDTR: Supalak Ganjanakhundee est un journaliste du "Nation". Il n'est pas pro-Thaksin ni pro-Chemises rouges et a même été auparavant plutôt sympathisant des Chemises jaunes. Mais son dernier article soulève d'intéressantes questions, d'ou publication par Libérez-Somyot. Cependant, certaines affirmations à lire avec du recul sont signalée par la Rédaction)

Le coup d'Etat militaire du 22 mai 2014 n'est pas nécessairement le dernier dans l'histoire politique thaïlandaise et il ne faut pas  s'attendre à ce qu'il mette fin aux conflits.

BANGKOK : - Tout d’abord, l'armée n'est pas vraiment connue pour sa capacité à réparer les divisions politiques, et cette intervention ne semble n'avoir contribué qu'à aider l'élite, le Parti Démocrate et ses alliés du Comite pour la Reforme Démocratique Populaire (PDRC) à atteindre leur objectif qui était de renverser le gouvernement de Yingluck Shinawatra .

Ce coup d'Etat, comme celui de 2006, semble être devenu l'outil de l'élite conservatrice pour se débarrasser de ce qui a été surnommé le "régime Thaksin".

Le coup de 2006 n'a pas réussi à débarrasser le pays de l'influence de l'ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra. Est-ce une autre tentative pour terminer le travail?

L'élit , les Démocrates , le "PDRC" et leurs alliés dans les branches judiciaires et législatives avaient commencé à essayer de détruire les composants du gouvernement Thaksin pièce par pièce, il y a déjà six mois.

A cause ou grâce aux allégations de corruption et d'inconduite (NDLR: non prouvée et souvent falsifiée), Yingluck et d'autres membres du Parti Pheu Thai vont très certainement être interdits de politique pendant au moins cinq ans.

Mais est-ce que ce sera la fin ? Le coup de 2006 a déjà prouve que l'intervention militaire n'est pas vraiment la solution.

Evincer Thaksin par un coup d'Etat militaire l'a laisse en position forte sur le podium de la démocratie, entouré de ses partisans des chemises rouges.

Les deux interventions militaires qui ont eu lieu en moins d'une décennie ont plutôt laissé Thaksin - qui n'a pas une bonne réputation en matière de démocratie et de Droits de l'Homme (NDLR: l'article a été écrit par un journaliste plutôt sympathique vis-à-vis des Chemises jaunes) - a être maintenant  considéré comme un croisé des principes démocratiques.

Pendant ce temps, l'armée n'a plus que le choix de continuer à utiliser la force pour réprimer les gens qu'ils considèrent comme des sympathisants du régime Thaksin (NDLR: L’armée n’a pas que ce choix, elle en a aussi un autre qui consisterait à rendre le pouvoir au peuple).

Malheureusement, cela ne peut se faire qu'au détriment de la démocratie, des droits humains et de la primauté du droit.

Beaucoup de ceux considérés comme anti-putschistes sont des gens ordinaires qui essaient de se battre pour leurs droits démocratiques et n'ont absolument rien a voir avec Thaksin.

Cependant, les officiels ont été amenés à croire que tous les manifestants avaient ete payé  pour protester dans les rues contre le Coup (NDLR: en prétendant dénoncer cette croyance, l'auteur de l'article tente de faire suggérer malicieusement que ce n'est le cas que pour certains manifestants, ce qui est complètement faux. Par contre, c'est vrai pour beaucoup de manifestants chemises jaunes du PDRC).

Des études ont indiqué que le mouvement des Chemises rouges a été créé pour protester contre de criants griefs dont l'inégalité, pas nécessairement par l'argent de Thaksin (NDLR: toujours cette obsession sur l'argent de Thaksin de la part de gens qui ne parlent jamais de tous ces milliardaires, dont certains beaucoup plus riches que Thaksin, qui soutiennent financièrement le PDRC).

Par conséquent, pour eux, une élection n'est pas seulement un symbole de la démocratie, mais un moyen efficace d'accéder à des ressources nationales et à un meilleur niveau de vie.

Thaksin est devenu populaire parce qu'il a su distribuer une partie de cette richesse nationale aux pauvres.

Malheureusement, l'élite intellectuelle a mis cela sur le compte d'un "populisme de dépendance", mais, pour les électeurs ordinaires, ce populisme se traduit par de la nourriture sur la table.

Toutefois, la dernière intervention a une fois de plus coupé l'accès des pauvres à la richesse nationale et risque d'approfondir encore plus la division entre riches et pauvres.

Manifestation contre le coup d'Etat

Manifestation contre le coup d'Etat

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27 mai 2014 2 27 /05 /mai /2014 17:45

Un rapport de Prachatai révèle que la junte travaille dur dans les provinces. Il se réfère à des tentatives de limiter et étouffer la critique dans les universités. Il affirme que les professeurs et autres membres du personnel dans les universités de Chiang Mai, Mahasarakham, Ubon Ratchathani, et les provinces de Phitsanulok "ont été convoqués par l'armée après le coup militaire le 22 mai. Ils sont surveillés, signalés et se sont vu interdire les activités politiques qu'ils pensaient organiser" A Chiang Mai, le "commandant de l'armée de la région nord a convoqué les représentants des écoles primaires, des écoles secondaires et des universités pour clarifier les questions sur le contrôle de la paix et de l'ordre". Chiang Mai est surveillé de très près par l'armée.
À l'Université de Mahasarakham, l'Université d'Ubon Ratchathani et l'Université Naresuan à Phitsanulok, "des dizaines de conférenciers ont été convoqués par le commandements des opérations régionales de sécurité interne."
À Chiang Mai, "neuf manifestants anti-putschistes auraient été arrêtés dimanche" et "sept autres manifestants anti-putschistes ont été arrêtés samedi ...".
Les manifestants ont été prudents, et les rapports de la répression militaire sont monnaie courante. Les dirigeants des chemises rouges et les dirigeants politiques pro-Thaksin ont été placés en détention militaire.
L'armée a également "perquisitionné les stations de radio communautaires et arrêté les leaders rouges."
Au moins "neuf dirigeants chemises rouges locaux ont été arrêtés par l'armée après que l'armée ait occupé les bureaux des stations de radio communautaires des chemises rouges. Le premier raid a été signalé le 22 mai durant la nuit. Leurs allées et venues sont encore inconnues. En outre, à "Chiang Rai, ASTV-Manager en ligne a rapporté qu'au moins cinq dirigeants des chemises rouges locaux ont été convoqués par l'armée. Les stations de radio communautaires chemises rouges ont également été perquisitionnés. Ce sont des exemples de la forte répression contre les Chemises rouges qui sévit dans le nord et le nord-est, où la junte militaire craint une rébellion.

Source:

https://thaipoliticalprisoners.wordpress.com/2014/05/26/cracking-down-in-the-provinces/

Un policier thaïlandais anonyme proteste contre le coup d'Etat

Un policier thaïlandais anonyme proteste contre le coup d'Etat

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26 mai 2014 1 26 /05 /mai /2014 17:16

24 mai 2014 - Londres - Plus de 150 citoyens thaïlandais qui ont été arrêtés par les militaires sont dans l'incapacité de communiquer avec leurs avocats, ce qui représente une violation du droit international des droits de l'homme, a expliqué l'avocat des Chemises rouges Robert Amsterdam.

 

"Nous ne savons pas où ils sont détenus, nous ne savons pas s'ils sont maltraités et nous n'avons pas été autorisés à communiquer avec eux", a déclaré Amsterdam pour le compte d'un groupe d'avocats représentant les dirigeants chemises rouges détenus. "Après près de 72 heures, le fait que, suite au coup d'Etat, le général Prayuth tient en otage des gens, sans aucuns droits, et les maintient au-delà de la portée de leurs avocats, est un geste clair d'intimidation. Cela représente une violation du droit thaï et international".

 

Il y a également eu des cas de harcèlement d'avocats représentant les détenus, dont celui de M. Titippong Srisaen , qui a été détenu pendant cinq heures avant d'être libéré. Les autres membres du parlement et du gouvernement élu ont également été arrêtés tandis que les putschistes dissolvaient le Sénat et prenaient en charge tous les pouvoirs de l'Etat.

 

Amsterdam a déclaré que son équipe juridique travaillait en contact étroit avec tous les organismes internationaux compétents en Thaïlande dont les Nations Unies pour tenter de protéger les citoyens et les détenus. L'intolérable et constante conduite de l'armée, qui inclue des raids nocturnes contre des maisons privées et traque des personnes déjà pardonnées pour des procès de lèse-majesté, a créé un climat de peur au sein de la société thaïlandaise, a expliqué Amsterdam.

 

"Compte tenu de la vitesse de cette répression, Prayuth semble n'avoir aucun intérêt dans le maintien de la paix, mais suit le chemin de son triste prédécesseur, le maréchal Sarit Thanarat ", a déclaré Amsterdam . "Son soutien est en train de s'éroder rapidement et nous sommes profondément préoccupés concernant la sécurité publique."

 

Cette semaine, Amsterdam a annoncé que les dirigeants élus de Thaïlande envisageaient la création d'un gouvernement en exil. Des efforts sont en cours pour rapporter les actions des participants du coup d'État afin qu'ils soient tenus responsables quand la primauté du droit sera rétablie.

Lien:

http://robertamsterdam.com/thailand/2014/05/24/statement-legal-counsel-denied-access-to-detainees-of-thai-military-coup/

Un militaire prend en photo des manifestants pro-démocratie

Un militaire prend en photo des manifestants pro-démocratie

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26 mai 2014 1 26 /05 /mai /2014 17:05

Un article de Giles Ji Ungpakorn

Lien de l'article:

http://uglytruththailand.wordpress.com/2014/05/24/activists-ordered-to-report-to-military-junta/

Alors que les manifestations contre le coup d'Etat militaire prennent de l'élan à Bangkok et dans d'autres endroits, des universitaires et des militants pro-démocratie ont reçu l'ordre de se présenter à l'armée. Nous devons nous assurer que nos amis puissent rentrer chez eux en toute sécurité. Il est temps de faire preuve de solidarité. Parmi ceux qui sont sur la liste des militaires, il y a Ajarn Worachet, Suda, Somsak, Surachai, l'ensemble du groupe de juristes Nitirat et le chanteur du groupe Fai Yen.
Pendant ce temps, ceux qui aiment les complots et les rumeurs sont occupés à dire aux médias internationaux, assez stupides pour les croire, que la crise thaïlandaise ne concerne que ​​la succession royale. Ce que ces théoriciens de la succession disent aux braves gens qui sont dans les rues et s'opposent à l'armée et risquent l'arrestation, c'est qu'ils ne doivent pas déranger. Ils affirment que les dieux du mont Olympe se battent et détermineront le sort de tout le monde. C'est une insulte pour les Chemises rouges et tous ceux qui, en ce moment, se battent pour la démocratie.

Certains des militants pro-démocratie qui ont reçu l'ordre de se livrer à la junte militaire

Certains des militants pro-démocratie qui ont reçu l'ordre de se livrer à la junte militaire

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26 mai 2014 1 26 /05 /mai /2014 07:36

Dimanche 25 mai, vers 15h30, l'armée a perquisitionné la maison de Somyot Phueksakasemsuk, l'ancien rédacteur en chef d'un magazine pro-chemise rouge qui purge actuellement une peine de 11 ans de prison pour lèse-majesté. Les soldats ont arrêté Sukanya Phrueksakasemsuk, la femme de Somyot, qui a fait campagne pour les prisonniers politiques, et son fils Panitan Phrueksakasemsuk, un étudiant en droit de quatrième année à l'université Thammasat et militant lui-même. Ils sont tous les deux retenus au Club de l'Armée. Selon Sukanya, l'armée a également saisi deux ordinateurs portables.

Somyot a été actif dans les mouvements de travailleurs avant de devenir le chef de file du groupe chemise rouge "24 Juin pour la démocratie". Il a été condamné le 23 Janvier 2013, lorsque le tribunal l'a reconnu coupable d'avoir publié deux articles jugés diffamatoires contre la monarchie.

Source:

http://www.prachatai.com/english/node/4019

L'armée a perquisitionné la maison de Somyot et arrêté sa femme et son fils
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