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11 octobre 2015 7 11 /10 /octobre /2015 15:46

Un article de Giles Ji Ungpakorn

Lien:

https://uglytruththailand.wordpress.com/2015/10/11/dont-let-the-military-off-the-hook-by-saying-that-the-king-ordered-the-6th-october-crack-down-and-other-state-atrocities/

 

Il est à la mode parmi de nombreux membres du mouvement pro-démocratie d’affirmer que le Roi Pumipon aurait ordonné le bain de sang du 6 octobre 1976 à l'Université Thammasart et aussi le massacre des Chemises rouges pro-démocratie désarmés en 2010. En dehors du fait que cela est faux, cela permet aux militaires et aux autres sections de l'élite d’être totalement hors du coup.

Pumipon est un monarque faible et sans caractère qui a passé sa vie inutile et privilégié dans une bulle, entouré par de serviles et rampants flagorneurs prétendant qu'il était un "dieu". Il est toujours resté muet sur les meurtres de civils innocents par les militaires. Pumipon est un outil volontaire de l'armée et cela lui a rapporté de grandes récompenses. Au cours de son règne, il a amassé tant de richesses à partir du travail des autres, qu'il est devenu l’homme le plus riche de Thaïlande. Pourtant, ce n’est pas lui qui ordonne aux militaires de faire quoi que ce soit. Ce sont les militaires qui lui disent quoi faire. Il est leur "sainte marionnette". L'armée peut alors prétendre agir dans l'intérêt de la monarchie. Le vrai pouvoir réside chez les militaires et dans les autres sections de l'élite politique, et non pas chez le Roi.

Si nous examinons les événements entourant le massacre de la gauche du 6 octobre 1976, il faut noter le contexte de la guerre froide et le fait que les Etats-Unis avaient perdu leur guerre d’Indochine. Il serait faux de penser qu'il y avait un plan bien coordonné, par une seule institution, qui aurait conduit aux événements du 6 octobre. Mettre trop d'accent sur le rôle de l'armée, de la monarchie ou d'un parti politique en particulier serait faire preuve d’une méconnaissance de la période. Ce qui est arrivé le 6 octobre a été le résultat d'un consensus entre l'ensemble de la classe dirigeante pour qui un système démocratique ouvert laissait trop de liberté à la gauche. Cependant, il est probable qu'il y avait aussi bien des accords que des désaccords au sein des cercles dirigeants sur la façon d’agir et sur qui devait agir. L'opinion générale comme quoi il faudrait utiliser "de violentes méthodes extra-parlementaires" a conduit à la création non coordonnée des différents groupes de droite fascisante.

La tournure des événements qui ont menés au 6 octobre contenait des éléments prévus et imprévus. Parmi ceux qui ont fait des plans spéciaux pour écraser la gauche et provoquer un coup d'État se trouvait une coalition de politiciens des partis de droite Chart Thai et Démocrate qui travaillaient avec des éléments de l’armée proches des anciens dictateurs Tanom et Prapart.

Certains observateurs de l'époque croyaient que la monarchie avait également soutenu l'idée d'un coup d'Etat, dans l'espoir d'arrêter l'élan vers la gauche, mais aussi afin d'empêcher le pouvoir de tomber aux mains des forces imprévisibles de la droite et de l’extrême-droite. D'autres pensent que les plans de la monarchie pour un coup d'Etat ont été contrecarrés par le groupe qui a effectivement pris le pouvoir. Cependant, la plupart des auteurs sont d'avis que la monarchie a contribué à légitimer le bain de sang dans un sens large, en montrant un soutien ouvert pour la droite. Cela serait étonnant qu’une monarchie ne supporte pas la droite alors que la gauche souhaite une république!

Le 5 octobre, la station radio Tank Corps et le journal d’extrême-droite Dao Sayam ont appelés à une mobilisation des forces de droite afin de "s’occuper" des étudiants. A la radio, les speakers ont exhorté les gens à "tuer... tuer... tuer"...

Le coup d'Etat militaire qui a effectivement mis eu lieu à 18 heures 30 dans l'après-midi du 6 Octobre n’a, en fait, pas mis en scène par Chart Thai et les factions de droite du Parti Démocrate ainsi que leurs alliés militaires. Au lieu de cela, c’est le "Conseil national de réforme administrative" (National Administrative Reform Council, sigle en anglais N.A.R.C.) de l’amiral Sangad Chaloryu, qui a pris le pouvoir et nommé par la suite Tanin Kraivichien au poste de premier ministre, cela afin d'empêcher le premier groupe qui souhaitait un coup d'Etat d’arriver à ses fins. Le N.A.R.C. a été soutenue par des factions de l'armée opposées à Tanom et Prapat.

L'image générale de la classe dirigeante qui se dégage pendant l'année 1976 est donc d'une part un degré d'unité sur la nécessité d'écraser la gauche, mais d’autre part une désunion sur la façon de le faire et, plus important encore, la façon de procéder après la cassure.

Pour paraphraser Karl Marx, la classe dirigeante thaïlandaise est et a toujours été un groupe de belligérants frères, unis dans leur haine de la gauche et des pauvres, mais se battant en permanence entre eux pour le pouvoir. Au milieu de ce tas de dégénérés se trouve le Roi qui, comme une fée impuissante sur un arbre de Noël, cherchait constamment à être du côté des vainqueurs.

Un journal de l’époque sur le massacre du 6 octobre 1976

Un journal de l’époque sur le massacre du 6 octobre 1976

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