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8 mars 2014 6 08 /03 /mars /2014 14:44

Un article d'Asia Sentinel
Lien de l'article:

http://www.asiasentinel.com/politics/thai-opposition-losing-gamble/


Le sentiment à Bangkok est que les tribunaux vont peut-être décider de laisser la Première ministre Yingluck au pouvoir


Il commence à apparaître que le pari des forces soutenant Suthep Thaugsuban, d'utiliser la cour pour expulser la Première ministre Yingluck Shinawatra et son frère fugitif Thaksin de la domination politique, peut échouer.
Cela coïncide avec l'essoufflement de la campagne pour tenter de renverser le gouvernement par trois mois de manifestations qui ont fermé les bureaux du gouvernement, bloqué les intersections de Bangkok, endommagé l'industrie touristique et le produit intérieur brut. L'un des présages comme quoi les choses pourraient évoluer de façon positive est que le marché boursier du pays a de nouveau commencé à augmenter, lentement mais sûrement, passant de 1304,62 points le 26 février à 1345 le 4 mars. Un autre présage est le fait que la Commission électorale a approuvé un prêt de 22 millions de dollars, provenant du budget central, pour payer les riziculteurs dans le cadre du régime de subvention du riz.
Suthep a annoncé que les forces de l'opposition, soutenues subrepticement par certaines des plus grandes entreprises et banques du pays, abandonnaient l'intersection Ratchaprasong qui était le centre de la campagne ainsi que d'autres lieux à Bangkok afin de se concentrer dans le parc Lumpini. En réalité, Suthep, qui préconise un Comité pour la Réforme Démocratique Populaire non-élu pour diriger le gouvernement en adoptant des réformes, n'a pu rallier que quelques centaines de manifestants lors de rassemblements qui s'affaiblissent petit à petit.
Cela ne signifie pas que le chaos politique qui a frappé la ville pendant trois mois est terminé. 53 dirigeants du PDRC de Suthep ont été inculpés d'insurrection et d'incitation à enfreindre la loi et ils ont ignoré l'appel à comparaitre. Des voyous armés de fusils automatiques continuent de patrouiller dans les rues. Il y a encore des dangers significatifs qui viennent de tous les côtés, y compris la menace très réelle d'une guerre civile, spécialement si les règles de la Cour anti-corruption de Thaïlande forcent Yingluck à démissionner.
Dès le début, les élites, alignées avec le Parti Démocrate, ont compté sur les tribunaux pour évincer Yingluck car les tribunaux ont évincé plusieurs gouvernements de substitution de Thaksin du pouvoir depuis 2007. Dès le début, les sources ont dévoilé que les manifestations de Bangkok étaient largement un numéro de cirque cachant une plus grande stratégie consistant à forcer une décision des tribunaux traditionnellement amicaux vis-à vis du Parti Démocrate.
L'action en cours mise sur la Cour Anti-corruption, où Yingluck fait face à la mise en accusation sur son rôle en tant qu'initiatrice d'un régime de subvention du riz, soi-disant corrompu et un gaspillage qui aurait eu un impact dévastateur sur la trésorerie, troublé le marché mondial du riz et laissé les agriculteurs impayés furieux. La Première ministre a été accusé de négligence le 26 février dernier. Si elle est reconnue coupable, elle pourrait être démise de ses fonctions et faire face à une interdiction de politique pendant cinq ans.
L'inculpation a cependant alimenté les forces des Chemises rouges qui dominent le Nord et le Nord-est du pays et conduit à une menace de violence. Le chef de l'armée, Prayuth Chan-ocha, a averti la semaine dernière que le pays pourrait faire face à un effondrement à moins que la crise politique se calme.
"Les fondements juridiques pour la destitution sont, pour le moins, fragiles à l'extrême,  a affirmé un banquier occidental à Asia Sentinel. "Les Chemises rouges sont maintenant enhardis et mobilisés, alors peut-être que les juges décideront qu'elle n'est pas coupable. Je pense que les conséquences d'un coup d'Etat judiciaire pourraient être très sanglante."
Cette possibilité de violence, selon d'autres sources, peut être pesée sur le terrain, avec la hausse de l'irritation suite à la tactique des tribunaux. Le 19 février dernier, un tribunal civil, bien qu'il ait confirmé un état d'urgence de 60 jours décidé par le gouvernement, a déclaré que la police ne pouvait pas utiliser la force pour dégager les manifestants des bâtiments gouvernementaux et annulé l'interdiction de rassemblements de cinq personnes ou plus, prétendant que cela violait leurs droits constitutionnels qui les autorisent à protester.
Cette décision a été accueillie par une colère généralisée et de la consternation de la part du grand public, laissant les critiques se demander comment le gouvernement pourrait avoir accès à ses propres bureaux sans dégager les manifestants. Il a été impossible [pour les habitants de Bangkok] de renouveler leur permis de conduire ou s'occuper d'autres tâches banales pendant des semaines, ce qui a provoqué une irritation montante tandis que le gouvernement a joué un rôle prudent, celui d'éviter la violence autant que possible à tous les coûts.
"Tactiquement Yingluck a bien joué ce combat de rue", a déclaré ce banquier occidental.

"Les policiers sont de retour au travail à l'intersection Ratchaprasong pour la première fois depuis des semaines et les travailleurs sanitaires  nettoient les rues. Maintenant, le gouvernement va commencer à retourner au travail. Et les forces rouges sont amorcées, prêtes à l'action".
Si les forces de Suthep sont en danger de perdre la campagne pour renverser le gouvernement, cependant, les analystes politiques à Bangkok disent que le Parti Pua Thai de Yingluck ne s'en tire guère mieux. Les deux côtés ont subi des dommages irréparables aux yeux du public, ce qui rend discutable comment la Thaïlande pourra être gouverné à l'avenir.
Le Pua Thai a été à l'origine du désordre en tentant de mettre au point un projet de loi d'amnistie générale qui aurait permis, entre autre, à Thaksin de revenir d'exil sans avoir à faire face à une peine de prison pour des accusations de corruption (accusations politisées) qui l'ont poussé à quitter le pays en 2008. Il aurait également exempté le chef du Parti Démocrate Abhisit Vejjajiva et le chef adjoint Suthep des accusations d'assassinat pour la brutale répression de 2010 qui a fait 90 morts, la plupart d'entre eux étant des manifestants, lorsque l'armée a attaqué les Chemises rouges à la fin de leur propre occupation de l'intersection Ratchaprasong [...]
Au moins 21 personnes ont été tuées jusqu'à présent, dont quatre enfants touchés par des balles perdues ou des grenades. 720 autres ont été blessées. Les dommages faits aux institutions politiques thaïlandaise ont été sévères, créant un vide de leadership qui prendra probablement des mois voire des années à être résolu.

 

Photo ci-dessous: des voyous armés du PDRC

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