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17 janvier 2014 5 17 /01 /janvier /2014 16:58

Bangkok sous le coup d’un blocus de l’opposition

Un article de Lina Sankari

Lien de l'article:

http://www.humanite.fr/monde/bangkok-sous-le-coup-d-un-blocus-de-l-opposition-HYPERLINK "http://www.humanite.fr/monde/bangkok-sous-le-coup-d-un-blocus-de-l-opposition-556852"556852

La paralysie des points stratégiques de la capitale thaïlandaise devrait durer plusieurs jours. Le pouvoir craint que des éléments violents ne provoquent un chaos qui pousserait une nouvelle fois l’armée à intervenir avant les élections.

Bangkok renoue avec les barricades. Hier, quelques dizaines de milliers de partisans de l’opposition antidémocratique ont paralysé sept points stratégiques de la capitale thaïlandaise afin de réclamer la démission du premier ministre par intérim, Yingluck Shinawatra, l’annulation des élections anticipées du 2 février et la mise en place d’un conseil du peuple non élu chargé de « réformer » le pays.

Photos ci-dessous: Yingluck Shinawatra

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10 000 policiers et 8 000 soldats étaient déployés afin de protéger les bâtiments gouvernementaux déjà pris d’assaut en décembre. « Nous menons notre révolution populaire, nous n’appelons personne à faire un coup d’État », a cru bon de rassurer l’agitateur Suthep Thaugsuban, le secrétaire général du Comité de la réforme démocratique populaire (PDRC). Pourtant, certains éléments radicaux prépareraient le siège de la Bourse de Bangkok et du centre de contrôle aérien, considéré comme l’un des maillons essentiels du pouvoir. « Une telle action aurait des conséquences énormes. Ne prenez pas le pays en otage », a exhorté le ministre des Transports par intérim, Chadchat Sittipunt, qui craint que le blocage d’Aerothaï ne perturbe gravement le décollage et l’atterrissage des avions mais trouble également les appareils traversant l’espace aérien thaïlandais.

Il y a dans le déroulement des événements comme une sombre réminiscence du blocage des deux aéroports de Bangkok, qui avait conduit le leader du Parti démocrate Abhisit Vejjajiva au pouvoir sans élections au suffrage universel en 2008. Aujourd’hui, la présence d’hommes armés parmi les manifestants, payés par le PDRC, pourrait attiser les violences et pousser l’armée à intervenir, comme en 2010, quand 90 personnes, en majorité des chemises rouges, ont péri sous les balles des militaires.

Photo ci-dessous: Un Chemise rouge tué par les militaires en 2010

chemise rouge tué 

Des hauts gradés ont d’ores et déjà annoncé que le gouvernement serait tenu pour responsable de tout débordement ; en réaction, le pouvoir se tient prêt à décréter l’état d’urgence. Selon les autorités, la situation était susceptible de dégénérer sur trois des sept sites occupés hier. Rien de commun avec le pacifisme brandi par certains dirigeants et le caractère festif qui émaille à première vue les rassemblements. « Si c’est un carnaval, c’est un carnaval de la haine », rapportait hier le journaliste Pravit Rojanaphruk sur les réseaux sociaux.

Les chemises rouges entrent dans le jeu

Alors qu’une partie croissante des habitants de Bangkok est excédée par ces rassemblements qui durent depuis novembre (38 % selon un sondage du Bangkok Post), des « chemises blanches », par opposition aux jaunes de l’opposition et aux rouges qui soutiennent le pouvoir, ont fait leur apparition dans le pays, manifestant pour demander le « respect de (leur) vote ». Depuis ce week-end, les chemises rouges, qui jouaient l’apaisement depuis la mi-décembre, ont renoué avec les rassemblements au cœur de leurs fiefs ruraux du Nord et du Nord-Est afin de ne pas laisser le pays aux partisans de l’opposition, essentiellement issus des élites urbaines et du Sud.

Photo ci-dessous: Des Chemises rouges

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Les graves troubles politiques que traverse actuellement la Thaïlande constituent un énième rebondissement de la crise ouverte en 2006 par le coup d’État contre le premier ministre Thaksin Shinawatra, à l’origine d’importantes réformes pour la majorité pauvre de la population. Le pays reste profondément divisé et les accusations de corruption à son encontre, et à celui de ses héritiers politiques, dissimulent mal une volonté d’en finir définitivement avec la démocratie et les contre-pouvoirs à la monarchie.

Les Nations unies tentent une médiation

Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a annoncé avoir eu plusieurs contacts téléphoniques avec les différents protagonistes de la crise politique thaïlandaise « dans le but de les aider à régler leurs différends ». Le diplomate s’est ainsi entretenu avec le premier ministre, Yingluck Shinawatra, et le leader du Parti démocrate, Abhisit Vejjajiva. Il s’est par ailleurs dit « très inquiet d’un risque d’escalade de la situation dans les jours à venir » face au blocus de Bangkok par l’opposition. « J’exhorte tous ceux qui sont concernés à faire preuve de retenue, à éviter les provocations et à résoudre leurs divergences par le dialogue », a ainsi déclaré Ban Ki-moon alors que huit personnes sont mortes depuis le début des rassemblements. Hier, le Parti démocrate aurait remis une lettre au siège de l’ONU à New York afin de détailler sa vision de la crise politique. Il y a un mois, la Chine et les États-Unis avaient apporté leur soutien au gouvernement légitime et également appelé au dialogue.

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