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17 février 2014 1 17 /02 /février /2014 17:45

Un article de Giles Ji Ungpakorn

Lien de l'article:

http://redthaisocialist.com/francais/537-sans-justice-pas-de-paix.html


L'organisation de la jeunesse musulmane malaise ou "PerMAS" à Patani a organisé une conférence très suivie intitulé "Guerre et Paix. Comment les gens de Patani peuvent déterminer leur propre avenir?"
La conférence a eu lieu sur le campus de l'Université de Pattani. Cela suit la mort de 16 combattants de la libération, le 13 février de l'année dernière et les meurtres épouvantables de 3 enfants, le 3 février 2014. La maison des enfants a été ratissée par des tirs automatiques aveugles d'armes à feu. Les habitants du pays pensent que c'est le travail de l'armée.
Les forces de sécurité du gouvernement thaïlandais ont une longue histoire déshonorante d'assassinats de sang-froid de civils qui sont soupçonnés d'être actif politiquement dans le mouvement de "Patani". "Patani" est le nom donné par les habitants de toute la région aux trois provinces les plus méridionales.
Les orateurs ont expliqué l'importance de la paix, de la sécurité et de la justice pour la population locale. Beaucoup ont souligné la nécessité pour les habitants de réaffirmer la "propriété" de Patani. L'Etat thaïlandais veut les forcer à être "des musulmans thaïlandais" mais ce n'est pas ce que la population désire. Certains ont suggéré que la lutte armée ne suffirait pas à gagner le droit à l’autodétermination. Il faudrait une lutte politique avec une participation de masse. Souvent ces voix, qui lancent des appels pour la "paix", ne reflètent pas les vues de la population locale et, pour l'instant, l'état thaïlandais est resté sourd aux demandes des gens lors des négociations de paix officielles.
Seulement, le 13 février dernier, un moine bouddhiste et 3 autres personnes ont été abattus par des tueurs inconnus tandis que le moine collectait de la nourriture pour des villageois bouddhistes. Il est probable qu'il s'agissait d'une vengeance en réponse à l'assassinat des 3 enfants. Toutefois, il s'agit d'une tactique criminelle inacceptable parce qu'elle contribue à attiser les tensions communautaires. La guerre de Patani n'est pas une guerre des musulmans contre les bouddhistes. Il s'agit d'une lutte des musulmans malais contre l'Etat thaïlandais.
Lorsque l'on considère l'assassinat inacceptable du moine bouddhiste nous devons réaliser que l'état thaïlandais a militarisé les temples bouddhistes dans la région. Les moines ont des escortes armées de forces spéciales de police et l'armée a auparavant encouragé les soldats à devenir moines dans la région. Dans le passé, les enfants musulmans ont également été forcés de prendre part à des cérémonies bouddhistes à l'école dans le cadre du programme de l'assimilation forcée de l'Etat.
Le violent conflit de Patani a pour origine le processus de construction de la nation thaïlandaise et la colonisation subséquente de diverses communautés ethniques dans un Etat centralisé, gouverné directement à partir de Bangkok, à la fin du 19ème siècle. La répression violente du peuple de Patani a été une méthode constante de l'État Thaïlandais jusqu'à présent.
Le 25 octobre 2004, les forces de sécurité du gouvernement thaïlandais ont dispersées une manifestation pacifique à Takbai, dans la province méridionale de Naratiwat. Il y avait des villageois de tous les âges et des deux sexes dans la foule. Après cela, les troupes ont capturé les jeunes hommes musulmans malais. Alors que les femmes et les enfants se sont blottis dans un coin, les hommes ont été mis torse nu et on leur a lié les mains dans le dos. Les prisonniers devaient ramper sur le sol tandis que les soldats leurs donnaient des coups de pied sur la tête et le corps et les battaient avec des bâtons. Beaucoup de ces prisonniers ont été encordés ensemble dans une longue lignée et obligés de se coucher face contre terre. Ensuite, les prisonniers liés ont été jetés dans les bennes des camions de l'armée et contraints de s'allonger, couche sur couche, les uns au dessus des autres. Les troupes se tenaient au-dessus de leur cargaison humaine et écrasaient par moment ceux qui suppliaient qu'on leur donne de l'eau ou de l'air et leur répétaient que bientôt ils sauraient "comment était le véritable enfer". Plusieurs heures plus tard, quand le dernier camion est arrivé au camp militaire d'Inkayut, près de 80 prisonniers avaient trouvé la mort. Apres l'incident, la première déclaration du Premier ministre Taksin a été de faire l'éloge des forces de sécurité pour leur "bon travail" (Note de LS: Taksin s'est ensuite rétracté).
À court terme, nous devons exiger le retrait des troupes thaïlandaises de Patani et une démilitarisation générale de la zone. Les lois sur la sécurité en cas d'urgence devraient également être abrogées. Les normes de droits de l'homme devraient être établies à Patani et dans toutes les régions de Thaïlande. Il faut punir les crimes de l'État, réduire la puissance de l'armée et libérer tous les prisonniers politiques. Si les émeutiers antidémocratiques à Bangkok et leurs alliés de l'élite réussissent à détruire la démocratie, cela ne fera que retarder davantage un règlement pacifique de la guerre à Patani .
Pour un compte rendu plus détaillé de la guerre à Patani, voir le lien suivant (en anglais):

http://www.scribd.com/doc/207169526/The-Bloody-Civil-War-in-Patani

 

 Photo ci-dessous: Takbai 2004 

takbai

 

Carte du Sud de la Thaïlande:

Souththailandmap

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