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11 juillet 2014 5 11 /07 /juillet /2014 07:31

Un article de Numnual Yapparat

Lien:

http://uglytruththailand.wordpress.com/2014/07/09/sexual-violence-and-the-death-penalty/

 

Des rapports de femmes violées apparaissent régulièrement dans les premières pages des journaux [en Thaïlande]. Le viol est vraiment triste et inacceptable. Une nouvelle récente signale qu'une jeune fille de 13 ans a été violée dans un train et jeté par la fenêtre. Elle a perdu la vie. C'est une nouvelle épouvantable.

Les gens sont devenus furieux et exigent que le violeur soit condamné à la peine de mort. Ils affirment que la peine de mort permettrait de réduire le nombre de viols.

Cependant, la colère des gens peut obscurcir leur jugement. Une telle punition résoudra-t-elle le problème? Qu'arrivera-t-il aux victimes de viol une fois les violeurs exécutés? Pouvons-nous trouver une solution en nous concentrant sur les individus tels que les violeurs et leurs victimes? Ne vaudrait-il pas mieux analyser le tableau d'ensemble de ce qui se passe dans la société? Quel genre de normes sociales encouragent les gens à se comporter comme des animaux? Ces questions ont besoin d'un débat sobre et rationnel et non pas de frénétique colère.

Ceci est un bon exemple de cette habitude de blâmer les individus sans pour autant régler le problème. La violence domestique en Thaïlande est très élevée. L'État et même les organisations de femmes accusent l'alcool d'être le principal responsable. Leur proposition est "d’interdire de boire". Cette réponse est très pratique pour l'État et les groupes de femmes conservatrices. Ils ne veulent pas se poser les questions difficiles qui remettent en question l'ensemble du système et de ses institutions. Cela donne également la possibilité à l'État de nourrir les mœurs conservatrices dans la société afin de promouvoir les valeurs familiales qui font porter toute la responsabilité aux individus. Les gens sont encouragés à se blâmer eux-mêmes ou les membres de leur famille mais pas le système.

Les hommes sont censés être forts et s'occuper de leurs familles. Qu'est-ce qui se passe quand un homme ne parvient pas à le faire? Personne ne veut être un perdant. Les hommes intimident leurs partenaires femmes ou leurs enfants. Les personnes les plus vulnérables sont susceptibles d'être victimes de violence dans cette hiérarchie. Blâmer l'individu ne réglera jamais le problème.

Karl Marx et Friedrich Engels avaient expliqués très clairement que la classe et la famille étaient les clés pour comprendre l'oppression des femmes. La famille est apparue aux côtés de la propriété privée et de l'Etat. Avant cela, les femmes et les hommes vivaient dans des sociétés de chasseurs-cueilleurs où ils faisaient un travail différent mais égal et avaient leur mot à dire dans la prise de décision. Marx et Engels appelaient cela le "communisme primitif".

Puis, quand les sociétés se sont développées, elles ont commencé à produire des excédents en plus de ce qui leur était nécessaire pour répondre à leurs besoins de base, des choses qui pouvaient être stockées et contrôlées. Et les techniques de production qui ont créé cela se sont alors mises à prioriser le travail des hommes sur celui des femmes pour la première fois. Ensuite, une classe dirigeante a élaboré que les hommes devaient dominer car elle désirait des héritiers "légitimes" à qui transférer le surplus. Le contrôle des femmes et des relations sexuelles est devenu la clé pour posséder ce surplus. L'unité de la famille s'est développée cote-a-cote avec une idéologie qui traite les femmes comme des citoyens de seconde classe ainsi qu'une forme de propriété pouvant être contrôlé par les hommes [1].

La classe dirigeante et ses institutions reproduisent les idées sexistes contre les femmes afin de maintenir une relation inégale entre celles-ci et les hommes au profit de leurs intérêts. Les médias véhiculent une image des femmes comme objets sexuels qui peuvent être achetés comme une marchandise. Ces idées encouragent et aident à rendre légitime la violence contre les femmes.

Le média chemise jaune Manager est un exemple de l'hypocrisie qui règne dans la société thaïlandaise. Il y a quelques jours, il a publié un article "fantaisiste" afin d'encourager le viol en prison d'une personne transsexuelle pro-démocratie. Pourtant, il a condamné le violeur de la fille de 13 ans du train. Des médecins chemises jaunes ont insulté sexuellement l'ancienne Première ministre Yingluk et menacé de la violer. Cependant, les conservateurs, dont de nombreux acteurs de cinéma, appellent à la peine de mort contre les violeurs.

La peine de mort ne résout rien et n'est simplement qu'une forme de barbarie car elle tue des gens par vengeance. Elle influence les gens à accepter la violence. Il n'est aucunement garanti que le viol ne soit empêché par la peine de mort. Il y a eu aussi plein de gens innocents condamnés par des tribunaux ayant un parti-pris ou corrompus. Cela ferme la porte à la recherche de la racine du problème. La morale conservatrice ne nous donne pas de réponse, car elle veut contrôler et condamner les gens et ne s'intéresse pas à l'égalité.

Nous devons accroître les droits des femmes. Mais nous ne pouvons pas le faire sans démocratie. S'opposer à la violence contre les femmes et se battre pour la démocratie font partie de la même lutte.

[1] Un article du journal "Socialist Worker" en anglais qui analyse les causes du viol:

http://bit.ly/1oBQm0P

Numnual Yapparat

Numnual Yapparat

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