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5 décembre 2013 4 05 /12 /décembre /2013 15:03

Un article de Giles Ji Ungpakorn

Lien de l'article:

http://redthaisocialist.com/francais/466-premier-round-pour-le-gouvernement-de-yingluk.html


Un semblant de calme est revenu à Bangkok alors que les manifestants royalistes anti-démocratiques ont été autorisés à occuper symboliquement Government House. Ils ont pris des photos et puis sont partis. Une trêve temporaire a eu lieu pour l'anniversaire du roi, les royalistes ne voulant pas paraître irrespectueux vis-à-vis de leur "cher leader". Le gouvernement veut aussi montrer sa loyauté en organisant les cérémonies d'usage dans une atmosphère calme. Taksin, après tout, est lui-aussi un royaliste. Mais ne soyez pas dupe[...] C'est l'armée qui a le pouvoir réel.
Alors quel est le score actuel dans la bataille entre les conservateurs royalistes et le gouvernement élu?
Du côté du gouvernement, le fait qu'il s'est abstenu d'utiliser la violence contre la foule incontrôlée des royalistes est très à son actif et il a renforcé sa position sur le terrain moral. Sa légitimité l'emporte largement sur les voyous royalistes parce que le gouvernement a été clairement élu démocratiquement tandis que les royalistes ont appelé à une dictature. Jusqu'à présent, le gouvernement a refusé de démissionner ou de dissoudre le parlement. Mais nous ne savons pas ce qui va se passer dans les jours et mois à venir. Il y a eu beaucoup de pression sur le gouvernement de la part des universitaires réactionnaires et des ONG qui ont appelé le Parlement à se dissoudre. Lors de la conférence des recteurs des universités thaïlandaises, ceux-ci ont même ajouté que le futur premier ministre n'a pas besoin d’être élu. La position politique de ces personnes n'est pas une surprise. Ils ont tous soutenus le coup d'Etat de 2006, ont accusés la majorité de la population de manquer d'intelligence et ont applaudis la répression des militaires contre les manifestations pro-démocratie en 2010. Ce qui est plus surprenant, c'est que quelques universitaires naïfs, avec de bonnes références démocratiques, ont également appelé à la dissolution du Parlement. C'est une erreur. Retour en 2006, Taksin avait dissous le Parlement et convoqué de nouvelles élections. Mais les dirigeants de l'opposition ont ensuite refusé de se présenter aux élections parce qu'ils savaient qu'ils perdraient. Les manifestants royalistes de Sutep ont dit qu'ils rejetteraient une élection de toute façon. Une façon de sortir de la crise serait un référendum, peut-être sur la nécessité d'abolir la constitution militaire. Si le gouvernement le gagnait, ce serait un vote de confiance. S'il le perdait, il devrait démissionner. Mais il est peu probable que le Pua Thai soit assez progressif pour souhaiter un tel référendum.
Du côté de Sutep, ses propositions pour une assemblée non élue, nommée par lui-même et ses amis, ainsi qu'un gouvernement de "bons" dictateurs pour le peuple ne lui ont pas apporté de nouveaux partisans. Il espérait inciter l'armée à organiser un coup d'Etat mais, jusqu'à présent, les militaires ne veulent pas d'un tel coup. L'armée a fait un accord avec Taksin et le Pua Thai en 2011. Même si les militaires étaient intervenus une fois de plus, ils auraient eu du mal à mettre l'ordre du jour de Sutep en pratique. Pourquoi donner le pouvoir à un singe lorsque c'est le joueur d'orgue qui prend les décisions? La classe dirigeante thaïlandaise sait par expérience qu'elle a besoin d'une sorte de processus démocratique et qu'elle ne peut pas écarter simplement les Chemises rouges et les partisans du gouvernement. Sutep a conduit ses troupes jusqu'au sommet de la colline et a dû ensuite redescendre, ce qui n'a pas augmenté sa crédibilité. Son compagnon Abhisit a dû inventer une nouvelle série de pathétiques mensonges lors d'une interview à CNN pour justifier leur position. Cela peut difficilement renforcer leur légitimité.
Bien sûr, il y a toujours un réel danger que, dans les prochains jours, des membres influents de l'élite militaire fassent pression sur le Gouvernement pour le remplacer par un "gouvernement d'unité nationale". Ce serait presque la même chose qu'un coup d'Etat et cela devra être combattu. Il se peut que cela ne se produise pas. La plupart des chemises rouges et probablement la majorité de l'électorat serait contre cela. Mais le gouvernement et la direction des Chemises rouges de l'UDD pourraient essayer de se justifier vis-à-vis des Chemises rouges en disant qu'il n'y avait "pas d'alternative". Il existe une alternative. L'espace démocratique peut être étendu à travers les actions des mouvements et des syndicalistes pro-démocratie. Les diverses propositions de réforme du Groupe Nitirat doivent être placées au sommet de l'ordre du jour et la loi de lèse-majesté doit être abolie. Ce serait simplement les premiers pas dans la bonne direction.

Photos ci-dessous: Giles Ji Ungpakorn

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