Un article de Giles Ji Ungpakorn, exilé politique thaïlandais
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http://redthaisocialist.com/francais/411-les-marionnettes-dansent-sur-lair-de-larmee.html
Alors que la Première ministre de Thaïlande, Yingluk, posait avec le sourire, main dans la main avec le Boucher de Bahreïn, Hamad bin Isa bin Salman Al Khalifa, le ministre thaïlandais des
Affaires étrangères Surapong Tovichakchaikul a joué un jeu nationaliste extrême avec le Cambodge à propos du temple de Preah Vihear.
Le temple de Preah Vihear a été construit par les Khmers, dans le style khmer, lorsque les Khmers contrôlaient un grand empire couvrant la zone qui est aujourd'hui la Thaïlande, le Cambodge et le
Laos. Il appartient au Cambodge. Presque tout ce que la classe dirigeante thaïlandaise revendique comme étant "Thaï" a été copié sur les Khmers, y compris la langue royale et l'architecture dite
de style thaïlandais. Sukotai était une ville khmère avec un roi khmer. Ayutthaya a également eu quelques rois khmers. Par conséquent, lorsque ces idiots de Chemises jaunes nationalistes et les
militaires demandent que "le territoire thaïlandais" soit rendu, ils ne font que jouer sur un mythe imbécile. C'est un mythe fait pour détourner l'attention sur l'inégalité, l'exploitation et la
répression au sein de la société thaïlandaise.
Au lieu d'aller de l'avant afin de développer conjointement Preah Vihear comme monument historique et lieu touristique, pour le bénéfice pacifique de ceux qui vivent des deux côtés de la
frontière, comme c'était le cas avant le coup d'Etat militaire de 2006, le ministre thaïlandais des Affaires étrangères, Surapong Tovichakchaikul, est maintenant en train de danser comme une
marionnette sur l'air de l'armée ultra-nationaliste.
La dispute enfantine pour quelques mètres carrés de terrain autour du temple serait risible si des gens n'étaient pas déjà morts pour cela. Qui se soucie de qui possède réellement un lopin de
terre sur le sommet de la montagne? Les gens normaux ne devraient pas s'en préoccuper. Mais les classes dirigeantes de Thaïlande et du Cambodge s'en
préoccupent. Ils s'en soucient car il s'agit de montrer leur force politique et militaire. Mais n'oubliez jamais que c'est exactement ce pouvoir de l'État qui est utilisé pour exploiter, réprimer
ou assassiner les citoyens thaïlandais et cambodgiens ordinaires dans leur propre pays.
Par conséquent, les ultra-nationalistes qui agitent le drapeau thaïlandais sur Preah Vihear et qui comprennent malheureusement quelques Chemises rouges et le gouvernement Pua Thai, agissent
simplement comme des serviteurs de l'élite thaïlandaise. C'est l'équivalent intellectuel de ramper sur le sol.
Ce que nous voyons aujourd'hui, c'est que le gouvernement Pua Thai de Yingluk soutient le rôle de l'armée dans la société. La même armée a tué des manifestants pro-démocratie dans les rues à 5
reprises de mémoire d'homme. Des assassins comme le général Prayut Junocha sont autorisés à avoir une opinion publique sur les affaires étrangères.
L'armée peut disposer de nombreuses chaînes de télévision pour son propre usage, sous prétexte de "sécurité intérieure". Le contrôle des médias par l'armée thaïlandaise accroît son influence sur
la politique et rempli les poches des hauts gradés corrompus. Leur influence sur les conseils d'administration des entreprises publiques sert le même but. Ce contrôle et cette influence
proviennent tous les deux de périodes de dictature militaire dans le passé.
Les soi-disant "pourparlers de paix" dans le Sud sont dominés par les forces de sécurité. Ce n’est évidemment pas pour trouver une solution politique à la répression de l'État thaïlandais des
musulmans malais. Il s'agit de souligner la sécurité intérieure.
Même la mal-nommée Commission Nationale des Droits de l'Homme est remplie d'officiers de l’armée et de la police.
L'utilisation continue de la lèse-majesté par le gouvernement Pua Thai et le refus d'abandonner cette loi barbare et de libérer les prisonniers politiques, est une autre façon d'amadouer l'armée.
L'armée utilise le Roi pour légitimer toutes ses mauvaises actions et a besoin de la lèse-majesté pour se protéger. Bien sûr, les politiciens d'affaires du Pua Thai, comme Taksin, veulent aussi
utiliser le Roi.
Récemment, le vice-Premier ministre et politicien gangster, Chalerm Yubamrung, a annoncé sa version d'une loi d'amnistie qui effacerait l'ardoise des généraux et les politiciens qui ont tué des
Chemises rouges pro-démocratie. Cela permettrait aussi à Taksin de revenir en Thaïlande. En fait, une telle loi serait inutile, puisque, dans la pratique, les meurtriers des Chemises rouges
jouissent actuellement d'une immunité totale.
Le fait que Yingluk ait serré la main du tyran sanguinaire de Bahreïn est symbolique. Cela légitime les massacres des manifestants pro-démocratie à Bahreïn et
en Thaïlande.
Dans les pays qui avaient des antécédents de dictatures militaires, comme la Turquie ou de l'Argentine, des gouvernements démocratiquement élus ont sérieusement réduit le budget de l'armée et
punis les généraux. Ce n'est pas que le Pua Thai "n'ose pas" le faire de peur de provoquer un coup d'Etat. C'est ce que le gouvernement veut promouvoir délibérément le rôle de l'armée dans la vie
politique. Ce sont devenu des marionnettes qui dansent volontiers sur l'air des militaires. Pua Thai est le nouveau parti de l'armée et il fait un bien meilleur travail que le Parti Démocrate
parce qu'il a été élu démocratiquement et peut contrôler le mouvement des Chemises rouges.
Giles Ji Ungpakorn
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Photo ci-dessous: Le temple de Preah Vihear